Ce disque précieux qui regroupe deux albums fondateurs de la carrière d’Helen Merrill, anti-star mythique du jazz moderne, explicite parfaitement en confrontant artificiellement deux styles d’arrangeurs très dissemblables, l’importance essentielle du directeur artistique dans ce type de séance. Tout débute fin 1954, à New York, quand une gamine blonde et espiègle, d’une vingtaine d’année, enregistre […]
Ce disque précieux qui regroupe deux albums fondateurs de la carrière d’Helen Merrill, anti-star mythique du jazz moderne, explicite parfaitement en confrontant artificiellement deux styles d’arrangeurs très dissemblables, l’importance essentielle du directeur artistique dans ce type de séance. Tout débute fin 1954, à New York, quand une gamine blonde et espiègle, d’une vingtaine d’année, enregistre son premier disque, entourée d’une bande de jeunes musiciens noirs à la renommée naissante dans le petit monde du hard-bop : Clifford Brown y tient la trompette et un tout jeune arrangeur de 21 ans à peine, Quincy Jones, fait ses premières armes… Subjugué par le charme envoûtant d’une voix embrumée au lyrisme singulier, toute en émotion tenue, l’orchestre se laisse embarquer loin de ses bases esthétiques pour une musique sophistiquée à l’architecture savamment mouvante et aux glissements harmoniques délicieusement nuancés. Un disque désormais légendaire qui fit entrer Helen Merrill de plein pied dans le cercle restreint des grandes chanteuses de jazz… Deux ans plus tard, à force de fréquenter les milieux avant-gardistes, Helen Merrill, la petite chanteuse, rencontre un jeune arrangeur révolutionnaire, Gil Evans, qui accepte d’habiller sa voix nue d’harmonies impressionnistes aux colories précieuses et fascinantes. C’est avec cette séance absolument magique, à l’issue de cette rencontre, qu’Helen Merrill allait définitivement poser les bases de son esthétique ultra-sophistiquée : un sens inné de la mélodie qu’elle mène avec une candeur perverse au seuil extrême de la dissonance ; un art consommé de la dramaturgie basé sur un rapport sensuel à la poésie des mots qu’elle s’approprie avec grâce pour y insinuer sa mélancolie singulière ; une palette harmonique, toute en nuances, faite de subtils glissements qui sont autant de variations de registres.
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