Vous n’êtes pas près de rencontrer un “Patriste” ou un “Folavril”. Au nom de “l’intérêt de l’enfant”, la justice peut interdire aux parents de donner des prénoms incongrus. Petit florilège des recalés.
Depuis plus de deux ans, le tumblr « La ligue des officiers d’état civil » sillonne les faire-part de la presse régionale pour trouver les pires prénoms. Et force est de reconnaître que la France a du talent : entre Rihanna et son grand frère Djaysie, Khaleesi (oui, comme dans Game of Thrones), Merdive ou tout simplement Baby, le champ des possibles semble sans limite.
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La loi du 11 germinal an XI était pourtant claire: “Les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus dans l’histoire ancienne pourront seuls être reçus, comme prénoms”, mais toute limitation sautait avec la loi du 8 janvier 1993. Depuis l’entrée en vigueur de cette législation, l’officier d’état civil ne peut refuser d’inscrire un prénom, il a uniquement la possibilité d’avertir le procureur de la République. Et c’est le juge aux affaires familiales qui devra décider si le prénom est “contraire à l’intérêt de l’enfant” . S’il décide de le refuser, et en cas de désaccord avec les parents, c’est même le juge qui choisira un nouveau prénom pour l’enfant.
Retour sur ces prénoms que la justice a préféré censurer
Fraise
Le 17 octobre 2014 à Raisne, dans le Nord, un couple a décidé d’appeler sa fille « Fraise ». Le juge a décidé lundi dernier de supprimer le prénom des registres d’état civil, estimant qu’il « serait nécessairement à l’origine de moquerie notamment l’utilisation de l’expression ‘ramène ta fraise’, ce qui ne peut qu’avoir des répercussions néfastes sur l’enfant ». L’enfant s’appellera donc finalement « Fraisine », accepté parce qu’utilisé au XIXe siècle… Y gagne-t-elle vraiment au change ?
Titeuf
Le 7 novembre 2009, un couple de de l’Oise, visiblement fan de littérature, décide d’appeler son petit garçon comme le héros de la bande dessinée de Zep. Le juge aux affaires familiales refuse, les parents font appel, la cour d’appel de Versailles leur explique patiemment que Titeuf est “un garnement pas très malin dont les principales préoccupations concernent les relations avec les filles et le sexe”, peu importe pour les parents qui vont jusqu’en Cour de cassation… En vain, l’enfant devra finalement changer de prénom. “C’est pô juste”, auraient commenté les parents.
MJ
Ils avaient déjà eu une Mélodine et une Djoly, des parents installés dans la Somme, avaient décidé en 2012 que leur petit dernier s’appellerait MJ, en hommage à Michael Jackson. Le juge, pas fan de moonwalk, avait refusé: le bébé a finalement pris son deuxième prénom, Jean.
Folavril
En 1996, la cour d’appel de Rennes a refusé « Folavril » pour une petite fille car le prénom était “contraire à l’intérêt de l’enfant”. L’enfant s’est finalement appelé Zoé… Un prénom qui aura conduit plusieurs familles à porter plainte contre Renault après que la marque a décidé de donner ce nom à son modèle électrique. En vain.
Patriste et Joyeux
Pour êtres sûrs de l’optimisme de leurs nouveau-nés, des parents du sud de la France avaient tenté « Joyeux » et « Patriste ». En octobre 2006, la cour d’appel de Montpellier a refusé ces prénoms , arguant qu’ils « sont de nature, en raison de leur caractère fantaisiste, voire ridicule, à créer des difficultés et une gêne effective pour l’enfant. Aussi, il convient de confirmer le jugement entrepris en ce qui concerne la suppression de ces deux prénoms qu’il échet de remplacer par les prénoms de « Roger » et « Raymond »« . La justice est parfois implacable.
Fleur de Marie
En 1983, inspiré par le l’héroïne d’Eugène Sue dans les « Mystères de Paris », des parents donnent son nom, Fleur de Marie, à leur petite fille. C’est non pour la Cour de cassation, “en raison de sa trop grande fantaisie et de son originalité”.
Gloarnic
En 1980, une famille bretonne avait voulu respecter ses racines en donnant ce prénom à son enfant. Mais sans bien les connaître visiblement: la Cour de cassation avait refusé « Gloarnic » en estimant que le prénom n’apparaissait pas dans l’histoire régionale.
Manhattan
Ce ne peut être malheureusement pas être un hommage à Benoît Poelvoorde et à son personnage, puisque le prénom a été donné en 1983. Les parents qui voulaient vivre le rêve américain, ont en tout cas perdu en justice, la cour de Cassation expliquant simplement: « Manhattan » est un nom de lieu ». Un peu comme Florence, donc.
Nutella
Née le 24 septembre 2014 à Valenciennes, la petite Nutella a dû changer de prénom. Pour le juge « il est contraire à l’intérêt de l’enfant d’être affublé d’un tel prénom qui ne peut qu’entraîner des moqueries ou des réflexions désobligeantes ».
Ravi
Prénom indien, « Ravi » a été refusé en 1993 par la Cour de cassation, “en raison de sa trop grande fantaisie”. Rappelons que Zébulon a été accepté par la cour d’appel de Besançon, le juge estimait que ce prénom était le « fruit d’une réflexion approfondie et longuement mûrie » de la part des parents…
La justice a accepté ces prénoms: Daemon, Megane Renaud, Tokalie, Quays, Jihad, Bilbo…
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