Les plus anciens et chevelus se souviennent peut-être du hardcore redoutablement burné de Rorschach et de son leader, Charles Maggio. Heureusement débarrassé de ses assassins à guitare bazooka, il dirige aujourd’hui le label Gern Blandstein Records, avec pour philosophie “d’offrir aux petits punks une alternative à la domination de labels installés comme Epitath”. Du punk-rock, […]
Les plus anciens et chevelus se souviennent peut-être du hardcore redoutablement burné de Rorschach et de son leader, Charles Maggio. Heureusement débarrassé de ses assassins à guitare bazooka, il dirige aujourd’hui le label Gern Blandstein Records, avec pour philosophie « d’offrir aux petits punks une alternative à la domination de labels installés comme Epitath ». Du punk-rock, les New-Yorkais de Van Pelt ne conservent qu’un vague souvenir, déchiré, élimé. Quelque chose comme du The Fall étouffé par plusieurs filtres de coton, du Television en noir et blanc, l’image brouillée, l’écran fendillé : il règne sur Sultans of sentiment un très lourd parfum d’épuisement du genre, de fin de race, de mutation peut-être même déjà en route. Car Van Pelt appartient à cette génération qui a chassé le gaspi dans le rock, n’utilisant l’électricité qu’en de soudaines et violentes décharges. Comme le reste du temps, il fait plutôt sombre dans ces chansons déjetées pas étonnant de retrouver ici l’une des pestes de Blonde Redheat, autre groupe new-yorkais aux guitares perverses , ces éclairs sont d’autant plus impressionnants. Ils illuminent alors un espace finalement plutôt vaste et accueillant, beaucoup moins opaque et épineux que ces chansons hostiles voudraient le laisser entendre comme des chats angora qui joueraient au pitbull.
A côté, leurs voisins d’écurie de The Impossible Five feraient plutôt penser à des singes savants campant le rôle peu convaincant de rotweilers. Avec leur surf-punk bien peigné, leurs guitares antiques astiquées avec maniaquerie, leur rêve mod nettoyé à l’eau de Javel de l’Amérique middle-class a-t-on jamais vu un scooter Lambretta dans leur Virginie ? , ils font penser à un Jonathan Fire Eater apprivoisé, fait caniche, ou alors à un Gazi (un Fugazi pas du tout fou). Aucune tache de cambouis ou de sueur dans ce garage-rock à l’air climatisé, aux murs immaculés : dérangeante impression d’assister au bal des comptables, quand tout le monde tombe la cravate pour singer la sauvagerie, pour se lancer dans des solos de guitare imaginaire. Homme de goût apparemment inconscient, les Impossible Five se placent quelque part entre John Barry et Fugazi, entre les swinging-sixties londoniennes et le straight-edge américain. On a mesuré : ça tombe pile-poil au beau milieu de l’Atlantique, dans de l’eau tiède.
JD Beauvallet
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