Rencontre avec Gerard et Tommy, respectivement clavier et guitariste-chanteur, de Radio 4. L’occasion d’entendre ces musiciens s’exprimer sur deux sujets qui leur tiennent à c’ur, New York et le punk, et de les voir une première fois sur scène lors d’un showcase parisien mémorable.
Gerard : Anthony, Greg & Tony ont créé le groupe en 1999. Je les ai rejoints il y a un an et demi. Nous sommes tous de New York, de Brooklyn en règle général. On vient tous un peu du même milieu en fait
On jouait tous dans des groupes différents et on s’est connus à force de traîner dans les mêmes endroits. L’un des points de rendez-vous était le magasin de disques d’Anthony. Magasin qu’il possède toujours, bien qu’il n’ait plus vraiment le temps de s’en occuper.
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Votre premier album, The New Song & Dance, vient d’être réédité en France Etes vous toujours fiers de ce disque ?
Tommy : J’aime beaucoup ce disque, il correspond à une époque. Cela faisait à peine six mois que nous jouions ensemble, il a été mis en boîte très rapidement. J’aime particulièrement son coté rentre-dedans. C’est un disque punk, dans tous les sens du terme.
A l’époque, on n’aurait pas pu apporter d’éléments dance, comme on l’a fait sur Gotham! Par manque d’expérience et de pratique. The New Song & Dance n’en est pas moins un très bon disque à mon sens.
Gotham a été produit par l’équipe DFA. Qu’ont-ils réellement apporté au disque ?
Gerard : Si tu écoutais les démos de l’album, c’est extrêmement différent. James Murphy et Tim Goldsworthy ont vraiment apporté beaucoup de choses, notamment au niveau du son.
Ils sont très bons dans leur domaines, ils n’ont pas peur d’expérimenter, d’essayer différentes options. Le fait qu’ils viennent du même milieu que nous a beaucoup joué. Comme il l’a souvent été dit, Radio 4 est un groupe de rock qui voulait faire un disque dance. DFA, eux, ont toujours voulu faire des disques dance avec une énergie rock’n’roll. Tout était donc fait pour nous rapprocher.
Radio 4 est le nom d’une chanson de PIL, groupe post-Sex Pistols de John Lydon. Est ce que le punk anglais a eu plus d’influence que le punk américain sur votre musique ?
Les deux ont de toutes façons beaucoup joué. Si, musicalement parlant, on se sent plus proche de groupes comme Gang of Four ou The Clash, il va sans dire que l’on ne serait pas ce que l’on est aujourd’hui sans toute la scène punk californienne, avec des groupes comme X, The Germs ou Black Flag.
J’aime considérer le punk comme une mentalité et non un son. Aujourd’hui, le terme punk est totalement dévoyé, des groupes comme New Found Glory ou Sum 41 sont vendus sous l’étiquette punk alors qu’ils sont tout sauf cela. Le punk est un mouvement contestataire, eux ne sont que marchandises de grosses corporations. Quelque chose s’est définitivement perdu.
Gotham a été écrit avant les attentats du 11 septembre. Est-ce que vos chansons, et la façon dont vous y parlez de NYC sont toujours pertinentes ?
C’est assez étrange car beaucoup de gens pensent que certaines de nos chansons font explicitement référence aux attentats. Une chanson comme Save our City peut en effet prêter à confusion, même si elle ne traite absolument pas de ce sujet. Nos morceaux, malgré ce terrible attentat, ne sauraient être remis en question.
J’ai grandi à New York et je suis vraiment attaché à cette ville Avec le temps une partie de moi s’est pourtant mise à la détester. Les deux maires successifs, Rodolph Giuliani et Michael Bloomberg, ont une conception de la ville bien éloignée de nos préoccupations.
Tu fais référence aux Cabaret Laws ?
Oui. La vie nocturne est devenu plutôt étrange ici : les clubs ont complètement changé, ce ne sont plus les mêmes lieux où l’on avait l’habitude de traîner. Aujourd’hui pour ouvrir un club il faut posséder la licence Cabaret, dont le prix exorbitant permet à la mairie de s’en foutre plein les poches et de contrôler indirectement le genre de lieux qui s’ouvrent à New York. C’est totalement ridicule car cela signifie la mort des endroits alternatifs.
Joe Strummer est mort il y a un mois. Est ce que le Clash était quelque chose d’important pour vous ?
Une grande influence oui. Combat Rock a été le premier disque que j’ai acheté. Il figure encore aujourd’hui dans ma pile de disques et je l’écoute régulièrement. On a tous été très touchés par la mort de Joe Strummer, il représente beaucoup de choses pour la musique. Comme à l’époque du suicide de Kurt Cobain, une grande perte également, Nirvana était l’un de mes groupes préférés.
Après m avoir confié écouter en ce moment en boucle le premier album de leurs compatriotes Metro Area, je laisse les membres de Radio 4 préparer leur showcase qui doit avoir lieu l’après-midi même dans l’enceinte d’un grand magasin parisien. A l’heure dite, dans une salle spécialement affrétée pour le concert, le groupe envahit le maigre espace qui lui est alloué.
Tous vêtus de chemises noires, ils entament leur premier « concert » parisien par quelques pépites de l’album Gotham!
Le son, pas forcément à la hauteur, met clairement en avant la basse d’Anthony Roman et les percussions de PJ O Connor. La guitare, grande oubliée de ce showcase bref mais intense, nous fera comprendre une fois pour toutes que Radio 4 n’est plus vraiment un groupe de rock.
Il n’y a qu’à voir la petite centaine de personnes réunies être progressivement obligées d’onduler leur bassin sur l’ordre des rythmes éminemment groovy du groupe. Si l’énergie est bien présente, elle ne passera donc pas par le balancement de tête, signe de ralliement de l’internationale rock, mais bien par quelques danses improvisées au beau milieu d’un grand magasin.
Lorsque le groupe attaquera la partie la plus évidente de son répertoire, ces Eyes Wide Open ou autres Dance to The Underground et son solo de percussions inattendu, la transe dans le public est palpable. Un groupe « punk » qui écoute de la house new-yorkaise, fait danser son public, et qui se permet un solo de batterie lors de son dernier morceau a définitivement tout pour nous plaire
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