Initié par deux activistes de l’electronica française, le label de musique Evenement est un îlot libertaire où la musique retrouve pour de bon sa liberté, loin des contraintes financières et des carrières à long terme. Portrait.
A l’heure du grand débat sur la musique gratuite sur Internet, sur les logiciels d’échange peer-to-peer que la RIAA (Recording Industry Association of America, les chasseurs de pirates en français dans le texte) ne cessent de traquer, le concept proposé par le label electro Evenement prend toutes ces discussions à contre-pied.
En proposant l’intégralité de ses productions en téléchargement gratuit, ce label utopiste raye tout simplement la notion d’argent de son vocabulaire. Libres de droit, ces musiques peuvent donc circuler d’ordinateur à ordinateur ? on peut également les commander pour la modique somme de 25 francs, soit un peu moins de 4? – et ainsi effacer paisiblement des esprits le « tout marchand » de l’industrie musicale.
Certains péroreront que la musique réellement gratuite et légale sur Internet n’est pas un concept des plus novateurs. Les plus téméraires plongeaient déjà dans les dédales des sites de musiciens auto-produits (Peoplesound ou mp3.com pour les plus connus). Mais dans leur fouillis de groupes et musiciens plus ou moins talentueux, où aucun prescripteur ne vient séparer le bon grain de l’ivraie, le téléchargement peut rapidement s’avérer des plus ennuyeux.
Crée en 1999 par Damien Mingus (My Jazzy Child) et Julien Rohel, déjà maître d’ uvre du jeune label Clapping Music, Evenement est avant tout un label fort de dix-neuf références, créé en réaction aux lourdes démarches financières, juridiques et administratives que Julien a rencontré lors de la création de son « vrai » label.
Ce qui n’était à la base qu’une simple idée est devenue avec le temps un véritable label (au sens artistique du terme), avec une ligne directrice et une esthétique minimaliste de toute beauté.
Sur ce petit îlot de non-droit se tasse ainsi de jeunes artistes électro français déjà croisés sur d’autres structures plus classiques. On y retrouve les exactions de My Jazzy Child, O.Lamm, Shinsei ou Gel., dans une veine electro-expérimentale particulièrement intransigeante. Actuellement au ralent, les activités du label devraient bientôt reprendre leur rythme de croisière pour le plus grand plaisir des amateurs.
La Charte du label (à lire sur le site) le précise : Evenement n’est pas rentable et n’a même pas d’existence légale. Si l’on ne peut décemment envisager cette attitude libertaire comme la solution aux problèmes actuels (encore que ), ce label et ses projets utopistes sont un beau pied de nez aux majors et à leur soif d’argent insatiable.
le site d’Evenement