La comparaison inévitable entre ce nouveau projet et le précédent ce Reprazent entré directement dans la légende il y a deux ans va sans doute constituer un sujet d’irritation pour Roni Size et son partenaire DJ Die dans les semaines à venir. D’autant que la comparaison ne joue pas forcément en faveur de […]
La comparaison inévitable entre ce nouveau projet et le précédent ce Reprazent entré directement dans la légende il y a deux ans va sans doute constituer un sujet d’irritation pour Roni Size et son partenaire DJ Die dans les semaines à venir. D’autant que la comparaison ne joue pas forcément en faveur de Breakbeat Era. En premier lieu, elle nous fait regretter le grain soul et la souplesse de la chanteuse Onallee, remplacée ici par Lennie Laws, dont les manières fêlure et autres sauvageries artificielles sont soigneusement mises en valeur sur plusieurs titres. Affaire de goût sans doute (quoi de plus subjectif que l’appréciation d’une voix ?), mais cruciale dans la mesure où cet album est justement articulé autour d’une voix féminine, créant accessoirement un mini-précédent en matière de drum’n’bass à l’inverse de la majorité des disques du genre, les (trop) rares morceaux instrumentaux (remarquable Late morning) ont d’ailleurs ici pour mission de briser la monotonie du verbe. Malgré une formidable énergie ascensionnelle et un indéniable potentiel auprès du public pop, d’autres défauts rédhibitoires s’acharnent à peser de tout leur poids dans la balance. Reprazent était expérimental et subtil, voire franchement envoûtant, Breakbeat Era est délibérément défiant, agressif, brutal même. L’inspiration semble céder le pas au calcul. A force de peaufiner ses effets et de jouer avec la provocation (ce titre ambigu, Ultra-obscene, épouvantail à puritains ?), le trio aborde les rives d’une musique poseuse et cérébrale presque plus blanche que noire. A trop brider ses instincts, à trop faire sa maligne, à privilégier les climats tendus et désenchantés, elle menace carrément de couper la drum’n’bass des dance-floors. Un moindre mal puisque, à l’instar de Reprazent, elle le ramène tout droit sur scène, où une version de Breakbeat Era entièrement live (sans Roni Size) s’est déjà lancée avec plus ou moins de succès cet été (sifflée au Batofar en juin) à la conquête des festivaliers. On leur préférera l’humour et la générosité d’Aphrodite ou Ganju Kru. Et on conclura pudiquement par l’opposition qu’évoquent les gourmets au sujet de la cuisine française : officielle et pompeuse contre simple et savoureuse.
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