Il est temps de reprendre aux bikers le rock de Hawkwind, référence de plus en plus partagée, même en électronique. A l’origine (1969) était un groupe un peu balourd, enfant tuberculeux du psychédélisme noyé dans les gaz d’échappement d’Altamont, d’abord nommé Group X avant de détourner en patronyme une blague sur les flatulences Pet […]
Il est temps de reprendre aux bikers le rock de Hawkwind, référence de plus en plus partagée, même en électronique.
A l’origine (1969) était un groupe un peu balourd, enfant tuberculeux du psychédélisme noyé dans les gaz d’échappement d’Altamont, d’abord nommé Group X avant de détourner en patronyme une blague sur les flatulences Pet de faucon, bonjour la poésie. Dans le Londres déboussolé de l’époque, parmi la faune de Ladbroke Grove ayant survécu aux bains d’acide, il y avait ceux qui étaient tombés dedans tout petits, ces hippies apocalyptiques dont l’ordonnance lysergique d’une seule journée aurait normalement pu décimer un village entier d’éléphants. Parmi eux, Dave Brock et la première formation de Hawkwind, bikers poilus et tatoués, le genre Attila et son posse en moins gentlemen. Jusqu’en 1973, Hawkwind va mouliner dans la poussière trois albums bordéliques d’acid-rock plombé et secoué par des spasmes électroniques imitant, au choix, une escouade de soucoupes volantes en rase-mottes ou une avalanche orgasmique de femmes-robots venues de la planète Zubor d’ailleurs une danseuse seins nus s’exhibait en front de scène à chacun de leurs concerts. Le space-rock était né, incarné par les cataclysmiques Master of the universe ou Silver machine, magnifié par l’acoustique et étrange Space is deep. Puis vint l’année 1973, climax de cette folie incontrôlée avec l’arrivée en renfort de membres aussi délicats que Lemmy (futur Motörhead), l’écrivain de science-fiction Michael Moorcock et surtout l’activiste sud-africain Robert Calvert, poète, chanteur, mime et accessoirement taré notoire frappé d’un look d’aviateur kamikaze. Avec lui, Hawkwind devient une effroyable machine à broyer les peurs occidentales, une base armée idéologique où l’on prône sans limite la défonce hardcore, le sexe libre et même le terrorisme (Urban guerilla), ce qui en pleine campagne d’attentats de l’IRA sur Londres aura un peu de mal à passer. Le double live Space ritual, fantastique rouleau compresseur de deux heures, concentré de turbulences psychédéliques et de métal froid, de boogie spatial truffé à la dynamite, constitue l’épicentre de ce massacre mécanique et inégalable. Marilyn Manson peut aller se démaquiller, et tous les blaireaux gothiques avec. Ensuite, jusqu’à nos jours où Hawkwind, sous des incarnations diverses et pas forcément reluisantes, poursuit inlassablement son odyssée funèbre on parle même d’une reformation avec les membres originels , l’enfilade des albums ne sera plus qu’une longue débandade ponctuée çà et là de rares turgescences perdues dans le bromure progressif.
La présente anthologie en trois disques, sous un emballage classieux qui tranche nettement avec l’imagerie de gorgones, mutants et dégueulis cybernétiques qui est d’ordinaire celle du groupe ce qui lui a valu trop souvent d’être rangé dans le hard-rock avec lequel il n’a rien à voir , devrait servir à renouer le fil invisible qui fait de Hawkwind l’une des influences majeures aujourd’hui. Les albums récents de Regular Fries ou de Leftfield et, surtout, le dernier chef-d’œuvre de Death In Vegas lui doivent notamment quelques évidentes protubérances formelles. Il était temps de s’en souvenir.
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