Deux Gallois, un Japonais, pour un groupe basé à Londres, aux influences aussi disparates que ses origines. Pour le coup, nous n’invoquerons ni la génération spontanée ni le génie prospère et innovant, mais à défaut d’avoir inventé la poudre, ceux-là, selon l’expression consacrée, savent la faire parler. Et il est des jours où nous n’en […]
Deux Gallois, un Japonais, pour un groupe basé à Londres, aux influences aussi disparates que ses origines. Pour le coup, nous n’invoquerons ni la génération spontanée ni le génie prospère et innovant, mais à défaut d’avoir inventé la poudre, ceux-là, selon l’expression consacrée, savent la faire parler. Et il est des jours où nous n’en demandons guère plus. Entre des cassures de rythme échappées du giron d’un hardcore light et une puissance mélodique héritée des Replacements, Feeder trouve un nouvel équilibre à la croisée de plusieurs chemins balisés. Ce carrefour inédit leur permet de s’octroyer un ton personnel, une double identité américano-britannique sans tics trop marqués. D’emblée, Anaesthetic illustre ce choc entre deux coteries binaires, avec un refrain délicatement sucré et quelques accès de rage plus radicaux. Le délicat y tutoie l’épidermique. On pense à des Goo Goo Dolls en villégiature chez Fugazi, à un mur pop et fragile érigé en plein coeur de Washington. C’est pourtant au pays de Galles que l’idée d’un power-trio sans collier germa. Déjà associés au sein de Temper Temper puis Reel, Grant Nicholas (chanteur, guitariste et principal compositeur) et Jon Henry Lee (batteur) rallient Londres et les affres des petits boulots dès le début des années 90. Par annonce, ils rencontrent Taka Hirose (bassiste) et entament la carrière discographique de Feeder en 1995 par l’entremise du single Two colours. S’ensuivront un mini-lp (Swim) et l’album Polythene, avant une attaque en règle du territoire américain. Pas moins de 125 concerts outre-Atlantique précéderont l’enregistrement de ce Yesterday went too soon. Des deux mini-hits envoyés en éclaireurs au printemps, Day in day out et Insomnia, nous retiendrons la force de persuasion et la rigueur des lignes. Les premiers disques de Supergrass ou de leurs cousins américains des Figgs et de Fastball ne sont jamais bien loin. Sans parler du petit air de famille que Waiting for changes, You’re my evergreen et Hole in my head entretiennent avec les regrettés 3 Colours Red. Plutôt habile également sur le terrain miné de la ballade (Radioman, Dry et So well), Feeder réussit à bâtir une école buissonnière sur des fondations éprouvées. La tradition retrouve fraîcheur, aplomb et liberté. Aucune révolution ne s’annonce, mais la pérennité d’un rock’n’roll haut en couleur s’assure encore quelques années d’oxygène.
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