Histoire de nous rappeler à quel point les années 90 furent une decadis miserabilis pour la pop anglaise à guitares, on exhume dans le même mois le premier album intouchable des Stone Roses et des oeuvres de jeunesse des La’s. Soit, très précisément, les deux derniers grands groupes de ce genre moribond, deux groupes qui […]
Histoire de nous rappeler à quel point les années 90 furent une decadis miserabilis pour la pop anglaise à guitares, on exhume dans le même mois le premier album intouchable des Stone Roses et des oeuvres de jeunesse des La’s. Soit, très précisément, les deux derniers grands groupes de ce genre moribond, deux groupes qui contiennent en eux ces rares moments où le cadavre relèvera ensuite la tête, chez Oasis, les Boo Radleys ou Verve. Deux groupes dont le génie naîtra pourtant dans la douleur on se souvient des débuts gothiques des Stone Roses. C’est cette gestation des La’s que relate le très dispensable Breakloose. A Liverpool, la rumeur est vache avec Lee Mavers et ses La’s : on raconte que le têtu chanteur se serait invité de force dans un groupe déjà existant et au répertoire rodé (de mémoire : The On Set), puis en aurait éjecté les membres les uns après les autres, avant d’embarquer quelques chansons pour installer le fonds de commerce de ses La’s l’immortel There she goes ferait même partie du butin. Sur ces premiers enregistrements aujourd’hui commercialisés en dépit des lois les plus élémentaires du confort sonore, Lee Mavers s’est effectivement débarrassé de tout le monde, sauf du compositeur-chanteur Mike Badgers, avec lequel il partage la direction des affaires. Impossible, dans ces brouillons beuglés avec un accent massif, de détecter l’écriture suprême des Way out, des Timeless melody de demain. Seuls peut-être Open your heart, l’épique Moonlight ou le charmant What do you do portent en eux cet équilibre insensé entre le domaine public harmonies Beatles, guitares Byrds, naïveté Hollies et le jardin strictement personnel la ferveur des chants, l’irrespect des canons, le culot des mélodies, la monomanie d’un son à la fois rêche et élastique. Car avant, comme après les La’s (les ternes Cast), ce sont les sixties qui donnent les ordres et personne n’ose moufter, se pliant au règlement très strict de la composition pour guitares en arpèges et voix en cascades. Son coup de gueule contre le pouvoir central, son audace à transgresser les diktats, Lee Mavers les paiera au prix fort : après avoir réussi à détourner admirablement ces antiques outils de production sur The La’s, après avoir présenté un futur rayonnant à la classique pop-song, il s’effondrera. Le seul épisode, flamboyant, où le Prisonnier aura réussi à s’échapper du Village.
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