Pour accompagner la sortie de leur One by One, les Foo Fighters jouent au Bataclan de Paris le 15 décembre. Le groupe se raconte par la voix de son leader Dave Grohl, infatigable depuis son départ de Nirvana car aussi derrière la batterie des Queens of the Stone Age.
Toute la planète a attendu le retour de Dave Grohl. C’est un zébulon tricéphale qui a surgi de sa boîte avec un nouvel album des Foo Fighters, le quatrième, au nom très paradoxal – One by One – pour un tel stakhanoviste qui peut se démultiplier à l’envi, une collaboration notoire à la batterie avec le groupe Queens of the Stone Age sur Songs for the Deaf, et avec les multiples produits de célébration nirvanesques venus emplir les têtes de gondoles. Sur scène, un concert de Grohl a de quoi vous rendre gogol. A voir absolument. Et voici pourquoi.
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Sur scène, vous bénéficiez d’un répertoire solide et particulièrement puissant, et pour ne rien gâcher vous préférez les salles à taille humaine, pourquoi ?
Dave Grohl : Nous aimons jouer aussi dans les stades, mais l’éternelle proximité avec les gens nous plaît énormément. Une petite salle, c’est comme une soirée entre amis, tu n’as même pas besoin d’un micro pour parler. C’est un facteur de rapprochement entre le public et le groupe.
Mais en même temps, faire la grande scène au festival de Reading, on adore. L’énergie de tout ce monde est excitante et revigorante. Notre chanson Monkey Wrench a tendance a rendre les gens fous dans ce genre de lieux, voir autant de gens faire l’aller-retour terre-ciel, c’est dingue, ça saute vraiment de partout. Bon, en même temps, on a toujours considérer que les concerts de clubs étaient essentiels dans notre itinéraire.
Vos chansons semblent particulièrement « carrées » quand elles sont jouées live. Pourquoi une telle précision car vos sets sont quasi identiques à la qualité des chansons en studio ?
C’est pas vraiment nous ça Des groupes qui reproduisent parfaitement les notes et les arrangements, il y en a des tonnes. Mais je pense que nous sommes encore « loose », décontractés dans le bon sens du terme. En fait, sur scène, on est simplement rigoureux, on essaye de jouer le plus juste possible, au diapason, c’est tout. Je peux me retourner pour dire aux garçons de se lâcher complètement au milieu d’un morceau.
L’album One by One possède quelques contours pop sur certaines chansons, des réminiscences de vos expériences passées avec Nirvana ou récentes avec David Bowie…
Mais notre musique a toujours eu des mélodies ! Elle peut être puissante, agressive, bruyante et possède une couche de bruits dont nous raffolons, mais attention, il y a une couverture de mélodies pops superposée à cette couche primaire. C’est complètement involontaire mais c’est notre nature.
Il faut noter que l’album One by One est quand même étrange en comparaison avec ses prédécesseurs. Au départ, nos expériences musicales nous ont tous amenés à être respectueux d’une forme conventionnelle de songwriting avec des couplets, un refrain, des couplets, un pont et un double refrain. C’est la recette qui a fait le succès de Nirvana.
Mais aujourd’hui, les Foo Fighters écrivent des chansons comme des instrumentales. De cette façon, tu ne peux pas poser des couplets classiques dessus et te reposer sur un bon vieux refrain. All my Life, le premier single extrait de l’album possède de ce fait des arrangements peu conventionnels, de même que Have it All et Come Back.
Quand les paroles sortent de mon carnet et viennent se poser sur la musique, j’ai une réaction naturelle, je ne peux m’empêcher de chercher une mélodie simple et douce. Mais après tout, nous sommes tous des fans de pop dans le groupe. On pratique souvent le grand écart. Personnellement, j’adore Slayer mais aussi Abba, Slipknot tout autant que le Slave for You de Britney Spears quand je tombe dessus à la radio. Prends un disque de Black Sabbath, il y a des mélodies incroyables dedans. Ils adoraient les Beatles.
On ne peut pas dire en revanche que vos chansons sont formatées pour des passages en radio, elles atteignent souvent facilement les cinq minutes.
C’est vrai et c’est un défi. Nos arrangements sont ainsi faits qu’ils doivent empêcher l’auditeur d’avoir l’impression qu’il y a des répétitions trop flagrantes. Une des bonnes choses sur cet album, c’est à mon humble avis, les textes’ Je les ai voulus universels. Ils parlent du fait d’être en vie, ils parlent aussi de relations amoureuses. Pas forcément les miennes d’ailleurs. Les chansons sont simplement directes et intelligibles. Il n’y a pas de sens caché, pas de puzzles, d’énigmes que tu dois résoudre. J’aime simplement que les gens lisent nos paroles et s’y retrouvent un peu.
Il y a sur cet album les meilleurs textes jamais écrits, Tired of you, Times like these ou Disenchanted Lullaby. J’ai mis tout simplement un peu plus de moi-même dans les textes, mes émotions réelles. Et comme la musique a beaucoup à voir avec la passion, il faut que cette passion se traduise par des paroles de qualité, qui ont du sens. Et puis c’est important d’apprécier tes textes quand tu dois les chanter tous les jours.
Comment se passe donc la composition d’une chanson des Foo Fighters ?
Les mots viennent toujours en dernier. La musique guide véritablement la composition des paroles. Le son et l’atmosphère de la chanson te mènent toujours vers un champ lexical et un univers vocal précis. La composition de la musique me pose souvent des problèmes de conscience. Par exemple, pour Tired of you, je n’avais pas de paroles quand j’ai trouvé la mélodie à la guitare acoustique. J’étais tranquillement assis sur la pallier de ma maison. Je ne savais pas du tout ce qu’on pourrait bien faire avec cette version acoustique.
Et puis, j’ai eu un éclair, si cette chanson devenait électrique avec une base rythmique puissante, ça ne marcherait certainement pas autant que tel quel, sans ajout de batterie ou de quoi que ce soit d’autre. La maison de disques nous a bien suggéré de rajouter des éléments supplémentaires dans l’orchestration parce que pour eux, on tenait là un hit de radio. On leur a dit de ranger leur belle idée dans un tiroir. Sur Tired of You, l’émotion était si présente lors de sa conception que si on avait le malheur de l’alourdir, tout se serait barré.
Une de vos chansons (Times like These) sonne très 80 s. Vous avez vous aussi succombé à ce revival ?
Eh oui, on adore cette époque, on vient tous de cette génération Psychedelic Furs, Stray Cats, Talking Heads, Queen, The Romantics ou Toto Quand nous composons, nous ne faisons pas attention aux influences éventuelles. Mais nos groupes préférés de cette époque ressurgissent forcément dans notre cheminement. Parfois, ça devient même inquiétant. En réécoutant, c’est vrai, j’ai l’impression que ça sonne 80 s, et que ça ressemble à ces nazes de Rush. Dans ces moments là, j’ai vraiment des doutes sur la qualité de notre travail.
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