Mardi 7 mai, les Bordelais de Noir Désir donnaient à Nancy un concert intégralement retransmis sur France Inter. Impressions d’écoute, à l’aube de leur passage parisien au Zénith le 14 mai.
On les attendait au tournant. Des prises de positions connues d’avance. Des morceaux joués mille fois, et un album qui n’a pas convaincu tout le monde. Noir Désir ne pouvait que décevoir, ne serait-ce que légèrement.
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Il n’en fut rien. Pour preuve, un concert intense (comme toujours), dans lequel une courte remarque tiendra lieu de discours. Inutile d’enfoncer les portes ouvertes. Cantat et les siens savent que rien n’est gagné, et ne présentent pas pour autant leur candidature aux législatives.
A ceux qui méconnaîtraient encore la sincérité de leurs convictions on conseille la virulence nauséeuse des textes de Jacques Hyvernaud mis en voix et en sons par Serge Teyssot Gay le guitariste dans On croit qu’on en est sorti.
Affolants de cohésion et de présence, les Noir Désir savent périodiquement renaître, se remettre à la tâche en artisans intègres et besogneux. Exemple pour beaucoup, porte- paroles de certains, il savent qu’ils ne peuvent pas décevoir. Et remettent sans cesse leurs titres en jeu.
Pour preuve Les Ecorchés, éternel emblème du groupe. A l’origine un pur modèle de guitare rock (voire rockabilly), qui devient lourde et sursaturée à l’époque de Dies Irae, puis acoustique récemment.
Ce soir à Nancy on en découvre une incarnation inédite, recréée avec moins de guitare, remplacée par des sons d’orgue. Surprise ! Idem pour Un homme pressé, qui ne cache plus désormais ses racines funky.
Clairement dépêtré de la lourdeur sinistre de Dies Irae mais dépourvu des inspirations free-jazz d’Akosh S. qui avaient incendié les concerts post 666 667 Club, Noir Désir, galvanisé par l’actualité, a retrouvé ses marques. Plutôt dub rock tribal qu’Unplugged, c’est désormais enrichi des leçons des remixeurs que Noir Désir, à l’image de la voix de Bertrand Cantat, a mué à nouveau. Qu’importe l’habillage, leur force est dans l’essence même de leur musique et de leurs mots. Des armes, assurément.
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