Romantique et énervé comme le meilleur Radiohead, cet album séduit en dérangeant, câline en empoisonnant. Si l’année passée n’avait été si riche en premiers albums portés au pinacle Eels, Placebo , sans doute Subcircus aurait-il pu crânement tenter sa chance avec ce Carousel qui a curieusement mis des mois à enfin traverser la […]
Romantique et énervé comme le meilleur Radiohead, cet album séduit en dérangeant, câline en empoisonnant.
Si l’année passée n’avait été si riche en premiers albums portés au pinacle Eels, Placebo , sans doute Subcircus aurait-il pu crânement tenter sa chance avec ce Carousel qui a curieusement mis des mois à enfin traverser la Manche. Sans doute aussi ce quatuor complètement neuf et vierge arrive-t-il un poil trop tard pour espérer changer le cours des choses. Qu’importe, puisqu’on a visiblement affaire ici à l’un de ces groupes à combustion lente, peu client des coups d’éclat ou de frime, économe de ses charmes dont l’évidence apparaît par strates ou paliers à mesure des écoutes. En cela et en bien d’autres choses , Subcircus accuse un cousinage assez frappant avec Radiohead : ce goût pour le rock sédimentaire, en maturation constante, ayant amassé tant sur lui qu’un décrassage bien ordonné provoque alors des chansons. Au démarrage de ce Carousel crépusculaire et grinçant, manège désenchanté duquel on n’échappera pas sans malaise, I love you like an accident fait figure d’avertissement sans frais : à l’instar des photos du groupe montrées sur la pochette, Subcircus se débat à l’intérieur de toiles d’araignée ou de liquides douteux. Les guitares traînent la poisse, la voix hésite encore à s’arracher les poumons, ce psychédélisme en chambre obscure a la bouche pâteuse, les artères intoxiquées et le geste engourdi. Les choses, ensuite, iront timidement en s’améliorant, telles ces courbes de fièvre incertaines, yoyos de convalescence terriblement fragiles et précaires. Le miroir narcissique de U love U renvoie le portrait colmaté d’une jeunesse cold-wave ? fan de U2 ? pas forcément présentable avant de dérailler franchement. Ensuite, 20th century bitch et surtout Shelly’s on the telephone figurent parmi ces sommets depuis lesquels il est permis de regarder de haut l’ordinaire du rock. Aux ancêtres, Shelly’s rappellera vaguement le souvenir acide de Wall Of Voodoo, ses westerns panoramiques et futuristes, tandis que les plus jeunes et les filles préféreront 86’d, nouvelle incursion de ce romantisme noir et décharné cher à la Buckley SA père & fils. Même si on est enclin à se méfier du pedigree de virtuoses professionnels de ses membres genre conservatoire, diplôme de batterie à Berkley et compagnie , il serait injuste de reprocher à Subcircus sa précision d’exécution, les formes savantes de ses rythmiques ou l’impressionnante épaisseur de sa carapace sonore. La seule réserve recevable concerne le nommé Peter Bradley Jr, chanteur et comédien un rien cabot sur la longueur de dix chansons, en équilibre instable entre le grand fauve et le grand-guignol, confondant trop souvent son Subcircus avec un cirque tout entier voué à sa gloire.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}