Comme le chantait un autre frisé à lunettes noires (Ian Hunter, autre ex-protégé de David Bowie), On ne s’ennuie jamais avec un schizophrène.? On s’amuse donc follement avec Ecstasy, disque largement ouvert aux vents mauvais de l’aigreur et des turbulences psychiques, dont l’infini catalogue de variétés est inlassablement feuilleté dans l’album. Oubliées les odes à […]
Comme le chantait un autre frisé à lunettes noires (Ian Hunter, autre ex-protégé de David Bowie), On ne s’ennuie jamais avec un schizophrène.? On s’amuse donc follement avec Ecstasy, disque largement ouvert aux vents mauvais de l’aigreur et des turbulences psychiques, dont l’infini catalogue de variétés est inlassablement feuilleté dans l’album. Oubliées les odes à la sérénité conjugale de Set the twilight within. Harnaché de cuir clouté, Lou l’insatiable écume le côté sauvage de Christopher Street (le ghetto gay de New York) jusqu’aux eaux noires de l’Hudson, qui ne s’étaient pas aussi directement jetées dans le Styx depuis le Cruising de William Friedkin. Avec White prism, Lou Reed réussit même à reconquérir son titre de grand potentat de l’effroi. Effroi parfois musical, avec ce Like a possum, Everest d’autocomplaisance aussi long (et mélodieux) qu’une face entière de Metal machine music. Mais Lou Reed, champion de l’immonde, est aussi un crack du songwriting céleste. En Casanova du langage, il séduit le dictionnaire et fait bicher les mots, son chant, suintant de gouaille goudronneuse et de sensualité écailleuse, est ici souligné par des arrangements d’une somptuosité inédite, où des cuivres de Memphis tombent sous le charme de cordes soyeuses. Plus cocasse et errant que cohérent, Ecstasy renoue ainsi avec la veine foraine de Lou Reed. Les pommes d’amour s’y dégobillent sur les sièges du train fantôme, la grande roue du sublime voisine avec la gargote du grotesque et Abel Ferrara entraîne Woody Allen au freak-show. Entre extase et haut-le-cœur, on ressort sonné : pour nous flanquer le vertige sur ses montagnes russes émotionnelles, on peut toujours faire confiance au Coney Island papy.
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