Goodbye 20th century

Quatrième chapitre des « Perspectives musicales », éditées sur un label spécialement créé par le quatuor new-yorkais pour lui permettre de donner (très) libre cours à ses penchants les moins radiodiffusables, ce disque restitue Sonic Youth, qui oppose au passage des ans un mépris électrifié, dans une forme du tonnerre – car c’est bien d’éclairs ou de coups qu’il s’agit ici, beaucoup (mais alors beaucoup) plus que de chansons.

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Goodbye 20th century procède d’un désir audiblement viscéral de ces enfants de la no-wave de revenir aux sources les plus intimes de leur musique, pour la plupart localisées dans les parages houleux du mouvement Fluxus. Ce double album se (dé)structure donc en treize tentatives de réappropriation de morceaux jadis composés par John Cage, Yoko Ono, Steve Reich and co. De ces tentatives ô combien téméraires, aussi imprenables que prenantes – qu’il s’agisse, notamment, du lapidaire Voice piece for soprano (douze secondes éructées par Coco Healey Gordon Moore, digne fille de Kim Gordon et de Thurston Moore) ou de l’épique Four (une demi-heure de bruit intempestif et de latente fureur, parsemée de vocalises frappeuses) -, un primitif plaisir de jouer et de faire du raffut s’avère être le principal (et délectable) détonateur commun.

C’est ce primitivisme, qu’on jurerait inné, qui confère à cette musique, érudite mais non pas élitiste, savante mais non pas barbante, sa puissante coloration tribale et provoque en nous l’impression rémanente que ça surgit de terre, ou du ciel, ou d’où vous voulez, ici et maintenant. Et que ça en veut à vos synapses. Et que ça n’entendra pas raison. Et que ça retrouve l’éternelle immédiateté du rock’n’roll.