Dans l’industrie informatique, on appelle ça du vaporware : un produit révolutionnaire que l’on annonce bruyamment, dont tout le monde parle et qui, finalement, ne vient jamais. De façon similaire, la presse musicale anglaise créee régulièrement ce qu’on pourrait appeler des “vaporbands” : des groupes révolutionnaires dont tout le monde parle et qui repartent aussi […]
Dans l’industrie informatique, on appelle ça du vaporware : un produit révolutionnaire que l’on annonce bruyamment, dont tout le monde parle et qui, finalement, ne vient jamais. De façon similaire, la presse musicale anglaise créee régulièrement ce qu’on pourrait appeler des « vaporbands » : des groupes révolutionnaires dont tout le monde parle et qui repartent aussi vite qu’ils sont venus. Les Doves ont tous les ingrédients du « vaporband ». D’abord une légende de ph nix : sous le nom de Sub Sub, ils avaient décroché un hit indie-dance il y a quelques années (?) avant que le feu n’engloutisse leur studio, le groupe et un album prometteur. Une origine qui fait toujours recette : Manchester. Une histoire de famille qui pourrait dégénérer : comme Oasis ou Embrace, les Doves sont conduits par des frères. Un style idoine enfin : les Doves sont un grand groupe épique à guitares. The Verve séparé, Oasis pestiféré, Embrace grillé, Travis trop léger et Radiohead trop inaccessible, un tel groupe, puissant et emblématique, manquait cruellement à l’Angleterre. De Gay Dad à Terris, on a néanmoins appris à se méfier de ce genre d’agitation médiatique et les Doves partaient avec une sacrée valise de préjugés. Mais il y a autant de mauvaises raisons pour détester a priori les Doves que de bonnes pour les aimer a posteriori. Car Lost Souls est véritablement un bon disque. Pas tout à fait un chef-d’œuvre mais suffisamment abouti et personnel pour que l’on parie sur une carrière plus brillante que celle de Shed Seven. Tendu et sombre, Lost Souls rappelle A northern soul, le deuxième album maudit de The Verve. Quand les Doves regardent le bout de leurs chaussures, c’est parce qu’ils jouent au bord d’un gouffre.
Parfois ils tombent (Catch the sun, dispensable morceau d’Amérique), mais plus souvent leurs grandes machines restent en équilibre et suscitent l’admiration (The Cedar room, Here it comes, Rise). Un disque d’orage sous une pluie battante. Car de ce côté-là rien de nouveau : il pleut toujours à Manchester.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}