A gauche, Luke Vibert, électronicien insolent et doué connu pour ses spectaculaires hold-up musicaux. A droite, BJ Cole, guitariste anglais quinquagénaire, comptable d’un nombre incalculable de sessions depuis trente ans ? de T. Rex à Hanson et de Scott Walker à Jah Wobble. A priori, telle alliance devait aboutir à un dialogue de sourds. Mais […]
A gauche, Luke Vibert, électronicien insolent et doué connu pour ses spectaculaires hold-up musicaux. A droite, BJ Cole, guitariste anglais quinquagénaire, comptable d’un nombre incalculable de sessions depuis trente ans ? de T. Rex à Hanson et de Scott Walker à Jah Wobble. A priori, telle alliance devait aboutir à un dialogue de sourds. Mais quand on connaît l’élasticité de la chair musicale de Luke Vibert, la relation présente du DJ et du BJ paraît finalement moins incongrue qu’on le redoutait. Vibert et Cole ont choisi de s’affronter sur un terrain neutre en forme d’éden : celui de l’exotica, genre expérimental popularisé dans les années 50 par Arthur Lyman ou Esquivel et remis à flot par la récente vague easy-listening. Stop the panic est donc avant tout un disque de mood-music, un manifeste antistress enjolivé par les chaloupés cartoonesques des guitares hawaiiennes, charmant comme une carte postale équatoriale. L’électronique passive de Luke Vibert s’acclimate ainsi à merveille aux songes moites que lui imposent les volutes insensées de son partenaire d’un jour, lequel manie son instrument comme une plume d’oiseau des îles. Comme BJ Cole maîtrise toutes les nuances de sa six-cordes, sa compagnie irradie forcément toutes les formes environnantes. Accompagné d’une escouade de musiciens maximalistes, Vibert a puisé dans sa culture hip-hop et électro une gamme de beats dont les cascades savantes tombent toujours à pic, parvenant à triompher de tous les pièges en carambolant ses influences les unes dans les autres, à la fois serviteur modeste et metteur en scène superlatif.
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