R.Hide in plain site

Depuis son apparition dans un cercle d’oreilles fouineuses et averties, le nom de Romanthony a soulevé autant d’exclamations enthousiastes ? dues à un incroyable concentré de groove contagieux ? que de points d’interrogations concernant une identité volontairement opaque. On découvre aujourd’hui le trentenaire Anthony Moore, musicien noir du New Jersey, avec R.Hide in plain site, un album à la séduction express ? et le premier à bénéficier d’une convenable distribution. Entre les doigts agiles de Romanthony ? il maîtrise guitare, claviers et batterie ?, la house reçoit un traitement lumineux et organique : les BPM se gorgent de soul, de gospel, les aînés blues et funk (Rick James, James Brown, les Isley Brothers’) vampirisent les machines, conférant à sa dance-music une profondeur et un esprit rares. Une bouleversante redéfinition de la house que sa voix ? jumelle de celle de Prince ? renforce. Comparé à Romanworld, précédent album devenu pratiquement un incunable, R.Hide in plain site met en valeur ses charmes de manière convaincante mais aussi très ostentatoire. Les refrains, vite entêtants, harponnent l’attention. Les rythmiques draguent le néophyte en roulant efficacement des hanches. Comme chez Prince, l’amour est ici roi : évidents appels à la débauche, Luv somebody ou Feel ya love visent autant droit dans le cœur qu’en dessous de la ceinture. En fin d’album, après avoir épuisé danseurs et libido, Romanthony se permet de ralentir le pouls avec un trio de ballades. Cette accalmie s’avère néanmoins toute aussi lascive, témoin ce Body language tactile et sudoripare. Cet artiste complet laisse alors pleine mesure à sa touchante voix, celle qui, depuis des années, émeut les Daft Punk ? qui l’ont déjà convoqué pour deux chansons de leur prochain album.

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