Loa Project

Susbtances, le deuxième album de DJ Cam contenait en germe la volonté mystique de représenter le surnaturel à travers le son. La voici de nouveau à l’œuvre dans Loa project, qui est bien un retour à l’abstract hip-hop de ses débuts après l’ode au hip-hop de The Beat assassinated. Marqué du sceau du culte vaudou – Loa Mété y est l’esprit de la protection – auquel DJ Cam s’initie depuis deux ans et placé sous le haut patronage d’une thrillogie de l’horreur urbaine – Chris Carter, Clive Barker et Alan Parker – auxquels se réfère près de la moitié des titres, Loa project confronte la puissance des forces de la nature au monde contemporain. Ses compositions, appuyées sur des sons et de percussions collectés au cours d’un périple qui l’a mené à l’île Maurice et à La Réunion balaient un très large spectre, avec des fortunes diverses. Ghetto love, qui semble avoir été extorqué à la BO d’un film de série B, ou le R&B douteux de You do something to me, peuvent laisser de marbre. Mais on approuve DJ Cam qui, en quête d’un registre radieux, en appelle à la liberté structurelle du jazz pour nous émouvoir des séductions multiples de Juliet. Et l’on tombe sous sa coupe lorsque, revêtant les oripeaux du Baron Samedi, il ravit d’entrée de jeu notre âme lors de la célébration du Millenium, où le lugubre des cris le dispute au sinistre piano et au lamento glaçant d’une trompette… Et l’on ressent la jubilation de la transgression lorsqu’une basse séductrice et des feulements de panthère invitent à contempler en voyeurs le rite orgasmique du Voodoo jazz. Enfin, on goûte un effroi délectable à se laisser hanter par l’hallucinant Candyman. Le tympan corrodé par l’acidité des blips, les nerfs pincés par les scratches, toute résistance y est brisée par l’appel chuchoté de la créature.

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