Melody of certain damaged lemons

La Mélodie de certains citrons avariés : le coup de jus, l’acide et l’amertume. Bien vu, mais pas pour ce disque. Titre idéal pour les albums précédents de ces New-Yorkais mixtes, jusqu’alors caniches serviles et doués de Sonic Youth – jusqu’à aller partager, sur l’excellent Fake can be just as good de 97 la gamelle à la table du maître. Sale électricité, mélodies surannées, musique cultivée : visiblement, à Manhattan, les deux Italiens et leurs alliées japonaises – quatre parfaits New-Yorkais, donc – doivent passer énormément de temps à fureter dans les bacs du formidable disquaire cuménique Other Music, où l’on vient acheter Fugazi pour ressortir avec l’intégrale Gainsbourg. C’est là, sans doute que s’est joué le destin de Melody of certain damaged lemons, un jour où la boutique, en fond sonore, diffusait une réédition de grande pop, peut-être Left Banke ou les Zombies. Révélation. La pop-song n’était pas forcément un inoffensif pré carré où paissent les moutons de Panurge, mais aussi, à l’occasion, un champ de mines, un laboratoire en apesanteur au moins. Le bruit étant devenu le plus pénible conformisme, les indociles Blonde Redhead voient alors dans la pop leur salut. Il est de Melody of certain damaged lemons comme des étapes entre plaine et montagne du Tour de France : une transition fastidieuse, frustrante comme tout ce qui est obligatoire. Car si Blonde Redhead s’émancipe (du vacarme, de Sonic Youth) en flirtant malicieusement avec des mélodies claires et nettes, ses guitares restent pleines de remords, les mélodies toutes honteuses de la trahison. C’est quand il est franc du collier (les enthousiasmants This is not ou Mother), quand il laisse entrapercevoir l’avenir radieux du quatuor, que la Melody of certain damaged lemons devient la mélodie du bonheur.

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En écoute :
A Cure
Melody of certain three
This is not