Poil à gratter de la dance-music française, Paramour, nouvel album de Bosco, prouve que l’on peut être chercheur sans porter de blouse blanche. Et que l’on peut être drôle sans avoir besoin de nez rouge. Stéphane Bodin et François Marché ne sont pas des hommes à faire du surplace. Pour ne pas connaître la routine […]
Poil à gratter de la dance-music française, Paramour, nouvel album de Bosco, prouve que l’on peut être chercheur sans porter de blouse blanche. Et que l’on peut être drôle sans avoir besoin de nez rouge.
Stéphane Bodin et François Marché ne sont pas des hommes à faire du surplace. Pour ne pas connaître la routine des musiciens professionnels, ils paraissent éprouver le constant besoin de se lancer des défis. Entendu plusieurs fois dans leur bouche, le mot « challenge » n’a pas chez eux la même signification que chez un étudiant d’école de commerce. Ici, on lui don-nera une traduction plus aventureuse et joyeuse, proche des paris adolescents, farceurs et gonflés. « On se connaît depuis le lycée, explique Stéphane. Après s’être perdus de vue pendant plusieurs années, on s’est revus à Paris. Au bout d’une demi-heure de retrou-vailles, on avait sorti le 8-pistes, les platines, le sampler, et on recommençait à bricoler de la musique comme si rien ne s’était jamais passé. »
A partir de ce soir-là, les deux compères développent une manière personnelle d’écouter des disques, en les remixant en direct avec leur petit sampler. Chaque week-end se déroule le même rituel, l’occasion pour eux de laisser s’exprimer leur passion et de s’évader du quotidien. « C’était un pur passe-temps, un alibi pour faire un peu n’importe quoi, rien de pensé. On connaissait les gens du label bordelais Alienor, on leur a donc envoyé une cassette, en pensant que ça allait les faire marrer. »
Mais la plaisanterie tourne court puisque le label bordelais veut faire de ces demos d’égoïstes un disque d’utilisation courante. « On pensait qu’ils étaient malades, vu la manière dont ça sonnait », se rappelle François. Finalement, Bosco naîtra avec un premier album qui reste comme le parfait contrepoint à la French touch alors triomphante : « Des groupes comme Daft Punk ou Motorbass venaient de sortir leurs premiers albums, hyper produits. Nous, nous avions vraiment gardé le parti pris d’un son pourri. En plus, on est nuls en technique. Une fois, on a acheté un sampler plus sophistiqué, on l’a revendu : on n’avait rien compris à son fonctionnement. »
Partie comme un amusement, l’aventure Bosco a pris un tour plus sérieux avec la découverte du commerce musical et de son folklore promotionnel. Pourtant, l’univers du groupe reste le même, puissant et original. « Nos amis ne sont pas surpris quand ils écoutent Bosco, c’est la synthèse de ce que l’on vit chaque jour, avec toutes les choses qui font partie de nos références culturelles. C’est vraiment notre but : brasser un maximum de souvenirs générationnels sans tomber dans la nostalgie. »
Paramour, leur second album, suit ainsi les traces de son prédécesseur, immense grenier musical où l’on ne peut pas s’ennuyer une seconde. Dans cette dance-music qui fuit le carcan de la house, les chausse-trapes restent nombreuses et savoureuses, témoins en ouverture les incroyables melting-pot Stage et A poil & poli.
Si l’imagination reste toujours aux commandes, Stéphane et François ont bénéficié de l’aide du célèbre Jim Waters (Blues Explosion, Little Rabbits) derrière les manettes. « Travailler avec lui nous a permis de mettre de l’ordre dans notre musique. On l’a choisi pour qu’il amène son savoir de producteur rock classique. Et rapidement, on a compris que c’était le dingue qu’il nous fallait. » Avec Mitch, leur batteur, ils sont ainsi partis deux semaines à Tucson, en Arizona, pour mixer leurs morceaux avec Waters grande expérience et beau choc de civilisation. « On ne savait pas où on mettait les pieds ; Tucson, ce n’est pas Los Angeles, tu as partout des cowboys et des Indiens bourrés ! »
Grâce à Jim Waters, parfait ignare en matière de techno mais fortiche en rythme, la musique de Bosco a bien profité du voyage. Elle ne sent plus le renfermé du home-studio et Paramour sonne abouti et aéré, entre le Paul’s boutique des Beastie Boys et un Beck qui oublierait le format chanson. Pourtant, malgré l’intervention d’un corps étranger, le duo n’a pas perdu un gramme d’humour, composant vital de ses collages cinglés. « On aime l’absurde, le non-sens, les Monty Python qui sont drôles mais pas que drôles. »
On peut d’ores et déjà annoncer le prochain challenge de Bosco : sur la tournée, Stéphane après avoir inventé des chorégraphies désopilantes chantera sur scène, preuve que Bosco risque, par étapes, de révolutionner la musique électronique. On finira par ce slogan imparable lâché par les deux trublions : « Les gens qui n’aimeront pas le disque ne passeraient pas une bonne soirée avec nous, ils s’emmerderaient sévère ! »
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