Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils tous ici.
LUNDI 19
The John Steel Singers // Happy Before
L’excellent label anglais Full Time Hobby continue d’étendre son réseau – cette fois jusqu’à Brisbane en Australie – mais ne perd jamais de vue ses fondamentaux : soit un goût égal pour le songwriting tatillon et l’excentricité tempérée. Chez les John Steel Singers, on vénère ainsi pareillement le groove rigide de quelques Allemands à idées fixes (Can, Neu), mais aussi un psychédélisme nettement moins porté sur les autoroutes et lignes droites, divagant vers une électro-surf fleurie, délirant même autour de refrains sunshine-pop indéboulonnables.
A force de mélanges pareillement incertains et instables, les Australiens dénichent même en Happy Before un mini-tube pour l’autoradio de la DeLorean. Le groupe, qui rien que pour ça mérite notre amour, a invité Robert Forster des Go-Betweens sur une autre chanson.
MARDI 20
Pawws // Sugar
Personne n’a oublié un mash-up fameux des 2 Many DJ’s, qui faisaient chanter Kylie Minogue sur le Blue Monday de New Order. Personne, et surtout pas Pawws, dont le Sugar fantasme humidement la rencontre entre la pop logiquement sucrée des années 90 et l’électro des années 80.
Il aura fallu deux ans de rumeurs et de hype en dents de scie, à peine alimentées par une poignée de chansons, pour parvenir à ce Sugar, mais on ne regrette pas l’investissement de patience – malgré des concerts atroces.
MERCREDI 21
Wet // No Lie (Noah Breakfast Remix Ft. Spank Rock)
Wet, trois fois meilleur que Wet Wet Wet ? Au moins. Le trio mixte de Brooklyn a choisi le nom le plus diabolique pour une recherche internet, mais les plus patients seront récompensés au centuple quand ils parviendront enfin aux chansons aguicheuses des Américaines.
Un signe qui ne trompe pas en matière de pop moderne : elles sont distribuées par l’exigent label Neon Gold, se retrouvant ainsi très justement imbriquées entre Ellie Goulding et Haim sur un catalogue qui veut résolument du bien aux voix sexuelles, aux synthés pas bavards et aux bébés qu’ils feront ensemble.
“Beaucoup de gens nous disent qu’ils mettent notre musique pour faire l’amour”, confirme le groupe, qui réussit là à sortir Spank Rock de son silence.
JEUDI 22
Tarzan // L’homme singe
Le label est basé à Besançon, mais on doute beaucoup que ces bruits d’animaux, ces beats tribaux et ces incantations facétieuses aient été enregistrées en forêt de Challuz. Derrière Tarzan se cache le producteur Miqi O, pas radin en colle, ciseaux et smileys sur son électro-blues-portnawak bringuebalant, qui fait danser les ragondins, pousse les murs et ouvre des Velux sur une drôle de mélange entre jungle moite et prairie des Teletubbies. Attention : des animaux ont peut-être été chatouillés lors de cet enregistrement.
VENDREDI 23
Bat & Ball // Stops My Mouth
Ils sont frères et sœurs, se sont affublés des sobriquets Bat et Ball et avec leur groupe, ces Anglais offrent une version moderne, faussement décontractée et nonchalante, de la pop-music anxieuse telle que l’envisageait autrefois Siouxsie Sioux, qui portait à la fois les attributs d’une bat et les balls. Ce qui fait donc d’eux un avantageux produit de substitution à Florence & The Machine, dont la chanteuse Abi Sinclair – dans le civil – possède la morgue et la théâtralité. Mais elle y ajoute cette mélancolie résignée qui, de London Grammar à The xx, a fait dégringoler la température dans les charts anglais.
SAMEDI 24
Bayou // Airlock
C’est un vrai label de référence, l’excellent Double Denim (Stay+, Mind Enterprises…), qui a une nouvelle fois déniché cette énigme de pop nébuleuse, impossible, chantée d’une voix qui a volé tout l’hélium de la fête foraine, pendant que les beats avaient détourné le grand huit. Le genre de musique plus gazeuse que solide qui rappelle à quel point une génération de musiciens anglais a quitté le monde du réel, en brûlant les ponts.
DIMANCHE 25
Skating Polly // Can’t Tell Me Nothing (by Kanye West)
On finit la semaine avec deux pétroleuses de l’Oklahoma, au carnet d’adresse salopé mais riche, où l’on retrouve des noms aussi prestigieux que Flaming Lips, Exene Cervenka (X), Deerhoof ou Calvin Johnson, avec lesquels Kelli Mayo et Peyton Bighorse ont partagé le studio ou la scène.
Fin de semaine délurée et bordélique, avec ces deux pestes citant aussi bien Johnny Cash que les Ramones, NWA que les Riot Grrrls parmi leurs influences et qui ici s’emparent d’une vieille ballade huileuse de Kanye West. Et Kanye découvre ici l’inconfort de la lo-fi, les angles aigus et une voix de sorcière sur le bûcher. Ça lui fait le plus grand bien.