Grand rendez-vous de la musique francophone au Canada, les Francos clôturaient samedi soir leur 26ème édition. Encore une jolie réussite avec des concerts qu’on emporte en souvenir de l’autre côté de l’Atlantique.
La découverte locale : Jacquemort
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ce ne sont pas tout à fait des petits nouveaux, mais leur album La montagne de feu, sorti l’année dernière, était la bonne occasion de les faire monter sur scène ici, chez eux à Montréal. A la base de Jacquemort, il y a une référence à un personnage de Boris Vian (le psychiatre dans L’Arrache-cœur), mais pas seulement : on retrouve en effet ici Thomas Augustin, qu’on avait déjà croisé au clavier de Malajube. Sur scène, ils font preuve d’un savoir-faire qu’on reconnait bizarrement : de Karkwa à Monogrenade en passant par Peter Peter récemment, tous ont ce petit truc à la fois calme et un peu fou, cet air renfermé mais légèrement expansif, ce charme toujours romantique sans l’être vraiment, et parfois bouleversant sans le vouloir. Montréal continue de dévoiler ses trésors : c’est toujours un grand plaisir.
La méga-joie : Salut C’est Cool
Voici tout ce qu’un concert n’est pas :
– une kermesse potache de fin d’année, avec des ballons de baudruche et des t-shirts en sacs-poubelle ;
– un scandale musical ;
– une conférence sur la création, avec des idées beaucoup plus sérieuses qu’il n’y parait ;
– une soirée entre potes ;
– le manifeste d’un mouvement artistique prônant le jeunisme et la joie ;
– de la musique sans instruments, avec juste quelques machines, lesquelles se résument souvent au bouton « play » ;
– une teuf adolescente indescriptible ;
– une ringardisation du mot « punk » ;
– un happening imprévisible, non préparé, qui se réinvente à chaque seconde ;
– une fête de village où les musiciens dansent au milieu de la foule ;
– de l’art contemporain, tendance Fluxus et trois bouts de ficelle ;
– un lieu où quelqu’un fait le poirier au milieu de la piste, sans que personne ne soit choqué, ni même étonné ;
– une rave party de techno dada ;
– l’anniversaire de ton cousin Kevin, où on fait la chenille et des rondes bras dessus, bras dessous ;
– un colloque anarchiste, où la révolution en marche est purement esthétique ;
– un pogo sans queue ni tête ;
– une nouvelle idée du bon goût ;
– la chose la plus absurde, drôle et cool vue depuis longtemps.
Et pourtant, un concert de Salut C’est Cool, c’est tout ça à la fois. Ils ont « joué » trois fois en trois jours pendant les Francos. Ci-dessous, une (toute) petite idée de leur performance tarée au Métropolis.
http://youtu.be/l-hEaYMlqE8
Le coup de cœur : Sans Sébastien
Dans la nouvelle pop française, il y a un peu tous les genres. Rock par-ci, surf par-là, new wave au milieu et musique électronique un peu partout. Et puis il y a ceux qui n’ont pas peur de s’affranchir des règles du cool, allant piocher dans ce que certains auraient tendance à snober par automatisme : la variété. Sans Sébastien fait donc partie de ceux-là (il ne sont pas nombreux à le faire bien : qui d’autre, à part Charles-Baptiste ?).
Sur une des jolies scènes en extérieur, Sans Sébastien a franchi le cap du gros festival avec la décontraction et l’humour qu’on leur connait. Quelques semaines après la sortie de l’ep Sous ma jupe, on redécouvre ici Champagne, une reprise de Do You Saint Tropez ?… et hop, c’est dans la poche.
La pause douceur : Laurence Hélie
A tout hasard, prenez Salut C’est Cool et imaginez l’opposé absolu : une scène sous le soleil, de la musique avec des guitares, des arrangements de piano, une voix profonde et feutrée qui chante l’amour, et une lenteur appelant aux paysages folk des grands lacs canadiens. Vous obtenez Laurence Hélie, sorte de Cat Power en français avec un peu de paille dans les cheveux. Originaire de la Beauce, elle a sorti son dernier album l’année dernière. Il s’appelle A présent le passé et il est très classiquement beau.
La grande classe : Frànçois & The Atlas Mountains
Ils ont joué deux fois, la première vendredi sur la scène Loto-Québec, et la deuxième le lendemain, au Métropolis, en première partie de Fauve. A peu près le même concert, et à peu près les mêmes idées : pour faire simple, on ne dira jamais assez combien François Marry et ses Altas ont du talent, du charme, de l’intelligence. (Ré)écoutez vite leur dernier album, Piano Ombre, et allez vite les (re)voir sur scène. Ce sont vraiment les plus beaux.
http://youtu.be/LjvM43oRZqc
>> Première partie page suivante
{"type":"Banniere-Basse"}