A l’occasion de son édition anniversaire, le festival des francofolies de La Rochelle invitait une centaine d’artistes, mêlant découvertes prometteuses et piliers de la chanson francophone. Entre gang bang de tendresse et feu d’artifice pop, voici les concerts mémorables.
Les athlètes : le concert des 30 ans
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Une scène, 30 artistes et un emploi du temps chronométré à la minute près ! Pendant près de 3 heures se succèdent des monstres de la chanson française (Bernard Lavilliers, Alain Souchon, Véronique Sanson, Hubert-Félix Thiéfaine) mais aussi de plus jeunes prodiges (Christine & The Queens, Julien Doré) pour célébrer l’édition anniversaire des Francos et rendre hommage à leur père fondateur Jean-Louis Foulquier. La soirée présentée par Omar Sy est à retrouver sur France 2 dès la rentrée prochaine !
Les troubles fêtes : Odezenne
Après des débuts hésitants, la scène « not ze Francos » située dans le village Francofou décide finalement d’ouvrir ses portes gratuitement (et de rembourser les billets achetés) : difficile en effet de faire concurrence aux poids lourds qui jouent sur la grande scène de Saint-Jean-d’Acre au même moment ! Samedi soir, les festivaliers et vacanciers se pressent ainsi pour découvrir la chanson débridée d’Odezenne. Les deux MCs accompagnés d’un guitariste électronicien présentent des compositions beaucoup plus charnues que certains mollusques rap, teintées d’un certain pessimisme ambiant mais jouant d’une ironie sale et délicieuse. Les interprétations fameuses de « Saxophone » et « Tu pues du cul » leur vaudront même un rappel du public.
Les dandys : Florent Marchet et Feu! Chatterton
Petits protégés du concours de découvertes des inrocks lab, les dandys de Feu! Chatterton soignent les esprits endoloris des festivaliers et ressuscitent des cadavres exquis devant un théâtre de Verdière rempli à ras bord. On se laisse pénétrer par l’eau salée de leur tragique naufrage « Concordia » avant que le souffle chaud de « La Malinche » fassent vibrer nos sourcils et moustaches. Poétique et surréaliste, la pop de Feu! Chatterton fait danser des fantômes de la chanson française sur les braises chaudes de notre adolescence. Ils raflent le prix Premières Francos et le prix Félix Leclerc, à quelques jours d’intervalle. Chapeau !
Depuis la sortie de Bambi Galaxy, on trépignait d’impatience de monter à bord de la soucoupe volante de Florent Marchet ! C’est chose faite ! C’est par un bel après-midi de juillet qu’on s’est enfermé six pieds sous terre pour assister à son cours anthropocène, croisant psychédélisme et pop cosmique ! Entre chaque morceau, l’indomptable Florent nous raconte des histoires de fin du monde et de secte raélienne qui font grincer les dents des premiers rangs.
Les come-back : Plaza Francia, Détroit et Mark Daumail
C’est devant un ciel sombre et menaçant que rentre en scène le tango revisité par la lumineuse Catherine Ringer, accompagnée de membres de Gotan Project ! Nous voilà transportés dans un film de Pedro Almodovar, on enfile nos godasses à talons ferrés et on se laisse emporter dans cette danse épicée.
Pour le concert tant attendu de Détroit, mené par Bertrand Cantat et Pascal Humbert (16 Horsepower), le groupe présente son premier album Horizons ponctué par des pastilles cultes de la vie de Noir Désir : Tostaky, Lazy… Devant lui, les bras des festivaliers restent figés dans leurs poches, les poignets alourdis par le poids des bracelets et des clés de voitures ? Il est embarrassant de constater que le public des Francos considère le dernier des rois du rock comme la première partie d’un concert de Shaka Ponk.
Après trois albums passés à la tête du navire folk Cocoon et en compagnie de son binôme Morgane Imbeaud, Mark Daumail décide de défendre son premier album Speed of Light en solo. Si sur piste, on avait déjà pu prendre goût à son un virage stylistique à 90° passant du mélo au groovy, en live c’est aussi une belle surprise puisque Mark ne se contente pas d’interpréter mais de réinterpréter son propre répertoire avec une énergie pop délicate. Canon de voix et synthés sexy, on plonge dans cette piscine funky aux reflets turquoises. Sur « Coconut » on décollerait bien le bassin de notre fauteuil de velours ; Mark réussit là une belle reconversion ! A suivre !
Les minions : Bigflo & Oli
Soutenus par le Chantier des Francos (perfectionnement scénique d’artistes en développement), les Toulousains de Bigflo & Oli redéfinissent les contours de la scène rap francophone. Cette nouvelle génération issue de la Middle class s’éloigne des revendications à couper au couteau de ses aînés et se moque gentiment des clichés gangsta-putes. Le tandem réussit à imposer un flow hybride (pop, rap, electro) devant le public agité du village des Francofou.
Le plus regretté : Julien Doré
Une heure d’attente, parquée comme du bétail, n’aura pas suffit pour tenter de rentrer dans le théâtre où se déroule la grande messe de Julien Doré, réinterprétant l’album star d’Etienne Daho : La Notte, la Notte. Vis ma vie de journaliste de seconde catégorie… L’an prochain, on essayera d’être bénévole, en plus de rédacteur, avec un peu de chance, on pourra assister au concert debout… qui sait ?
Le gang bang de tendresse du Québécois Pierre Lapointe
Le très fameux chanteur canadien et son costume doré ont su conquérir le cœur des Rochelais et des Rochelaises grâce à des compositions balèzes, oscillant entre « gang bang de tendresse » et mélodrames bien ficelés (comme « le bal des suicidés« ). On se délecte de son accent québécois, de ses commentaires non sans humour, bref « c’était l’fun » comme ils disent là-bas !
Le feu d’artifice pop : Gaëtan Roussel
Difficile d’occuper la première mi-temps du concert du maestro Stromae, et pourtant Gaëtan Roussel réussit l’exercice haut la main. L’ancien chanteur de Louise Attaque interprète les chansons de ses deux premiers albums et se régale à jouer un extrait de sa création présentée l’an dernier au festival des Francos – où il avait revu l’album Play Blessure d’Alain Bashung. On le redécouvre en osmose complète avec son public, musiciens et choristes survitaminés ! Plaisir partagé ! La foule exulte et transpire de bière et d’allégresse sur ses gimmick rock implacables !
Le plus attendu : Stromae
Depuis 13h l’après-midi, les fans se pressent devant la scène de Saint-Jean-d’Acre et des mères désemparées tentent d’obtenir des billets de dernière minute pour assister au show du géant belge – qui a vendu déjà plus d’un million et demi d’albums « racine carrée » en France ! Quelques heures plus tard, la foule est de plus en plus compacte et on peine à décrocher une lucarne de lumière en direction de la scène. Les paroles du maestro se lisent sur toutes les lèvres et le diable s’agite dans les corps de toutes les demoiselles. Chorégraphies rumba, scénographie graphique, costumes multicolores, tout s’imbrique à la perfection dans l’univers de Stromae qui clôture avec brio cette 30e édition des Francofolies de La Rochelle.
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