Récit de la toute première édition de l’ambitieux festival Scopitone qui vient de se tenir à Nantes, samedi 29 juin 2002.
Scopitone, c’est déjà fini. On doit cette initiative à la très active association SONGO (l’Olympic) avec le soutien de nombreux partenaires (dont votre site favori).
Le concept ? Associer des musiciens créatifs issu de la scène actuelle à des projections d’images plus ou moins expérimentales, pour une vraie expérience artistique multimédia, tout en proposant un festival convivial et attractif. Le pari est de taille et l’équipe motivée.
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Le site est parsemé de quelques sculptures lumineuses disposées par les Nantais d’Aquabassimo. Les évènements ont lieu en trois endroits. Dans la Grande Halle, Asian Dub Foundation ouvre le feu en plaquant sa jungle urbaine « live and direct » sur les images du film La Haine.
Alors que la BO d’origine contrastait parfois avec la violence de l’action (Bob Marley comme fond sonore de l’émeute), ADF l’accompagne et maintient une tension constante, quitte à surcharger le spectateur de messages sonores et visuels. Résultat un peu confus car on ne peut s’empêcher de suivre les dialogues (en VF sous-titrée !).
A côté, dans le couloir de La Halle, on peut discuter Linux et multimédia avec une poignée d’intervenants passionnés, et apprécier les créations Flash des Webproducteurs. Cet espace aurait d’ailleurs mérité plus d’interactivité.
23h50. Il fait maintenant nuit. L’electro-jazz intello de Bugge Wesseltof ennuie quelque peu et on déserte en masse pour danser avec Rubin Steiner (pour la prochaine fois, mettre les groupes les plus dansants dans la Halle !). Peu après, le sympathique Kid Loco fait un bide avec une formation rock pourtant impeccable, soutenue par les superbes images de synthèse de Tekyès (sans doute le plus bel accompagnement vidéo de tout le festival). Ce public serait-il réfractaire au schéma rock ? A sa suite Le Peuple de l’Herbe, très attendu, offre un concert énergique (mais sans génie), qui plaît beaucoup.
En fin de nuit, la jungle classieuse de Sayag Jazz Machine, jouée live, nous réveille agréablement. On ne vantera jamais assez les mérites de la contrebasse dans les concerts de musiques électroniques ! Ce collectif est en grande forme pour une heure aussi tardive (4h15 du matin) et le tout est énergique et réellement musical. En plus de jouer de la bonne musique, les Sayag font preuve d’humour puisque leur prestation s’accompagne de séquences truquées et détournées de Superwoman et de péplums.
Situé en contrebas, le Grand Chapiteau sent la poussière. Le son y est très bon, chose rare pour ce type de structure provisoire. On y fait quelques rencontres intéressantes, comme Mobiil ou la pop-jazz sexy des Nantais Out Of The Blue.
To Rococo Rot, avec ses paysages sonores improvisés à base de basse mélodique et de bruits électroniques, est parfaitement dans son élément entre les huit écrans géants du chapiteau, qui manquera d’exploser avec le public de Rubin Steiner lors d’un concert nettement plus groove. Le Tourangeau ne reculera devant aucune incartade funky pour faire bouger la foule et on le surprendra en pleine citation des archi-classiques Caravan et même Brazil ! Le mix visuel est à l’avenant : rythmé et speed.
Plus tard, les DJs se relaieront pour faire danser le public jusqu’au petit matin sur des rythmes electro ou hip-hop, avec une dominante house (Curtis). Parallèlement aux projections accompagnant chaque concert dans ces deux lieux, le Petit Chapiteau accueille danse multimédia et manipulations visuelles expérimentales, comme celles d’Orphania Denticauda, impressionnantes images d’insectes trafiquées accompagnées de grésillements très « musique concrète » pour un trip plus proche d’Alien que de Microcosmos.
Dans le même lieu, on verra un dôme virtuel en 3D qui évolue au fil des clics en un univers étrange, traversé d’éléments graphiques. (Su-Studio). Une création techniquement réussie (à quand la version Playstation ?) mais qui manque de musique. Heureusement, pas de Genesis en vue. Deux live avec vidéos termineront la soirée (Mils et Cinelux).
Le bon point de ce festival, outre une démarche osée et une programmation exigeante, est d’avoir su travailler main dans la main avec les associations de créateurs indépendants (Mire, Vidéozarts, les Webproducteurs), sans aucune discrimination par la notoriété, la présence de chacun étant justifiée par sa démarche créative.
Si la cohérence images / sons n’est pas toujours évidente (on n’évite pas l’illustration inutile), Scopitone a réussi, grâce à la musique, à amener un public large et ouvert à des réalisations parfois très arty. Intelligemment conçue, bien gérée, la soirée (douze heures de musique non-stop de 18h à 6h) est le fruit d’un travail local inscrit dans la durée. Une belle réussite, puisqu’on compte ce soir quelques 5000 spectateurs (et spectatrices) heureux mais fatigués… Certains semblent croire qu’on est déjà lundi. Un p tit café ?
Photos ©Nicolas Carpentier
Liens :
Site du festival, Scopitone comprenant de nombreux liens vers les associations et artistes présents
Site de l’Olympic
Site des Webproducteurs
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