Les 10 ans du Berghain. Je ne prétendrais pas que j’attendais de fêter ça depuis le 18 décembre 2004, date de mise à feu intégrale du club (le Panorama Bar ayant ouvert dès octobre 2004), mais je m’y préparais tout de même depuis un petit moment (ma première visite en 2007 n’étant pas restée sans suite…).
Ce symbolique anniversaire a été célébré le week-end dernier (les 13 et 14 décembre), dans les grandes largeurs comme il se doit. En sus du Berghain et du Panorama Bar, un troisième espace baptisé Elektroakustischer Salon – et situé dans la halle adjacente au club – était mis à disposition pour l’occasion, dans lequel flottaient dub, ambient ou electronica : une sorte d’immense chill-out (hauteur de plafond à vue de nez : 25m), à la fois imposant et reposant, permettant de recharger les batteries entre deux sessions de gym tonique.
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Au total, les festivités ont duré 38 heures… N’écoutant que mon zèle professionnel, j’en ai couvert un peu plus de la moitié (21 heures), en deux temps. Premier temps : dimanche matin, à 8h, pour voir le live d’AnD – duo de Manchester dont le dantesque premier album, récemment paru, est l’un des must de 2014. Arriver au Berghain à 8h du matin, sans avoir consommé le moindre stimulant (même pas du café), pour s’envoyer une heure et demie de techno industrielle est une expérience, comment dire, un peu spéciale – mais tout à fait exaltante. Une fois terminé le live (électrisant) d’AnD, je traîne un peu, histoire de prendre le pouls général : ça bat déjà correctement, en haut comme en bas, mais je sens qu’il y a encore de la marge.
A 10h, je m’éclipse et je reviens vers 15h30, découvrant une file d’attente beaucoup plus longue que le matin. De fait, à l’intérieur, la densité de population au mètre carré a nettement augmenté – et la température itou. Sur le dancefloor principal, les danseurs forment une masse à la fois moite et compacte, dans laquelle se faufiler n’est pas évident… Si le public est majoritairement composé de (plus ou moins) jeunes gens sans signe extérieur distinctif particulier, je vais néanmoins aviser quelques spécimens intéressants au long du périple, parmi lesquels deux travestis juchés sur des très hauts talons, un transexuel dansant seins nus sur l’un des podiums, un type presque tout nu (il avait quand même eu la décence de garder chaussettes et baskets), une ribambelle de gays en cuir, une Indienne manifestement bien à l’ouest et une naine asiatique. La routine, quoi. J’ai aussi aperçu un certain nombre de jolies filles mais – le zèle professionnel toujours et encore chevillé au corps – je suis resté hyper-concentré sur la musique.
Un irrésistible crescendo
Je me suis fait rare au Panorama Bar, où l’ambiance était pourtant aussi fiévreuse que la musique accrocheuse – en l’occurrence de la house diverse et variée, comme d’habitude dans cette partie- là du club, où opéraient notamment Ben UFO et Gerd Janson, tous deux en belle forme. J’ai donc passé la majeure partie du temps sur le vrombissant dancefloor du Berghain, où les opérations, (très) nettement plus orientées techno, ont suivi un irrésistible crescendo. Dans l’ordre d’apparition, se sont succédés aux platines à partir du dimanche après-midi : Steffi (une des deux seules femmes programmées sur l’ensemble de la soirée…), visiblement gonflée à bloc et décidée à taper d’abord pour (éventuellement) discuter après, DVS1, décochant un set minimaliste au cordeau, Marcel Fengler (alias le Teuton flingueur), offrant un mix enjoué et contrasté, tout ce petit monde préparant idéalement le terrain pour le binôme de choc, chargé de conclure : Marcel Dettmann et Ben Klock.
Et là, amis lecteurs, il va falloir que vous me pardonniez pour deux choses. Primo, parce que les mots me manquent pour retranscrire l’intensité phénoménale de leur mix, percutant et élégant au possible – le tout, riche en reliefs redoutables et en relances imparables, servi avec le sourire (oui, les Allemands sourient aussi).
Secundo, parce que j’ai entendu seulement 9 heures du mix (apparemment ils ont joué 12 heures), ayant – malgré mon zèle professionnel – abdiqué lundi matin à 11h, après 19 heures consécutives dans la place. Promis, pour les 20 ans, je resterai jusqu’à la fin.
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