Sur « Brava », son premier album studio, le Rémois Brodinski s’évade de la techno pour inventer aux Etats-Unis une musique hybride, sale et sensuelle, violente et lascive.
« On a juste cherché à amener le rap ailleurs…” Brodinski, de retour d’un périple aux Etats-Unis, incluant surtout une longue immersion à Atlanta, parle avec fierté de son premier album, qui sortira le 23 février. Sans crâner, sans survendre, mais avec le sentiment d’avoir pu échanger, collaborer à égalité avec certains de ses héros. Ravi, voire soulagé, d’avoir relevé un nouveau défi, évacué d’anciens complexes.
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Quand être Français devient cool
Il faut dire qu’en débarquant aux Etats-Unis, où il rêve déjà de revenir travailler, produire, troquer les idées, il avait en main les cartes magiques, celles qui ouvrent bien des portes : avoir collaboré avec Kanye West et venir de Paris.
“A Atlanta, les rappeurs déboulaient avec quinze potes, ils voulaient voir les mecs de Paris, entendre ce son… Depuis que Jay-Z et Kanye West ont fait la chanson Niggas in Paris, Paris est devenu la nouvelle Mecque. Ils nous parlaient d’euros, avaient l’impression que c’était l’Eldorado… Quand un rappeur me disait qu’il n’arriverait pas à faire ce que je lui demandais, je n’avais qu’à lui répondre ‘mais Kanye l’a fait, lui, quand je lui ai demandé’ pour qu’il revienne au micro ! A la fin, moins ils comprenaient, plus ils étaient contents !”
Bizarrement suave
Effectivement, à travers l’impressionnant générique d’invités, de rappeurs américains comme le formidable ILoveMakkonen à une chanteuse folk australienne comme Georgi Kay, on sent l’implication, le désir de surpassement de chacun. Travail inouï sublimé par la production diabolique, lascive et puissante de cet album, où l’editing des chants fait des miracles de bizarrerie et de suavité.
Et pourtant, pour Brodinski, précédé d’une gloire de DJ techno, la partie n’était pas gagnée.
“On a souffert de la sale réputation de l’EDM (electronic dance music – ndlr) chez les rappeurs américains, mais les frontières sont clairement en train de bouger. Il faut dire que ces beats lents sont du pain béni pour moi, car pour quelqu’un qui vient de la techno, c’est juste le même beat divisé par deux, je maîtrise totalement le truc, facile de passer de 128 bpm à 64 bpm… Sur cet album, en plus de la production, j’ai assuré une grosse direction artistique, il y avait beaucoup de matière à triturer, trier.”
Une direction artistique que le Rémois assure déjà avec élégance et vision panoramique au sein de son label Bromance, qui vient de s’offrir une plantureuse compilation (un volume “Family”, un autre “Friends”), manifeste absolu des vertus des échanges et du décloisonnement. La French Touch, option touche-à-tout.
Compilation Homieland (double CD, Bromance/Parlophone/ Warner)
Album Brava de Brodinski (Savoir Faire/Parlophone/Warner), sortie le 23 février
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