Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
LUNDI 12
Laura Moody // Call This Time Love
Parfois, le bonheur tient à peu : une jeune femme et un violoncelle. On peut même se passer de la jeune fille, ou du violoncelle. Dans le cas de Laura Moody, ça serait ballot. On l’avait découverte sur une reprise haletante de Nick Drake, on la retrouve sur un album où le violoncelle devient arme à double tranchant, à la fois triste à pleurer du sang noir, mais aussi brutalement excentrique, autant contemplatif qu’impatient, aussi lancinant que gambadeur. Sans drame, sans larmes, sans effets et pourtant : spectaculaire.
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MARDI 13
Formation // Young Ones
Bien avant son utilisation outrancière et merveilleuse chez The Rapture, bien avant New Order, dans des maxis 45t disco aujourd’hui ruinés par des écoutes en boucle sur des mange-disques incertains, on a toujours adoré le son absurde et obsédant de la cow-bell, cette cloche que les cloches d’Happy Mondays manipulaient aussi. Inutile donc de préciser la grosse joie quand on l’entend, fière et bruyante, chez ces jumeaux londoniens que papa et maman ont dû bercer, voire secouer, au son turbo-disco des productions DFA (c’est à dire brailler comme The Fall et groover comme Chic). Et l’on embrasse solennellement, tendrement, papa et maman pour ce pur moment de liesse, qui fait rimer “cow-bell” et “la vie est belle”.
http://youtu.be/ZrHST9FPztc
MERCREDI 14
The Night VI // Too Late To Lie
La laideur et la frigidité du nom de ce groupe londonien sont miraculeusement inversement proportionnelles à la beauté et la sensualité de sa chanson. Certes, on se passerait des envies étranges de domination mondiale d’un batteur aux réveils douloureux, mais The Night VI sait habilement trousser des hymnes qui ne lâchent pas prise sur la mémoire vive : pas un hasard si le groupe reprend d’autres grands trafiquants d’emphase, de Jeff Buckley à… Stardust.
JEUDI 15
Something Anorak // Boy Without A Friend
Comme dans une chanson de Day One, c’est dans la queue du Pole Emploi que se sont rencontrés les deux garçons de Something Anorak, installés depuis à Bristol et hébergés par le label local Howling Owl. Ils ne sont ainsi plus les boys without a friend de leur chanson, mais visiblement toujours des garçons sans le sou, comme le rappelle cette lo-fi électrique et hérissée, qui sent la gueule de bois et les restes de pizzas sous le lit. On peut appeler ça de la musique de chambre. Mais on parle de chambre d’ado, la fenêtre pas ouverte depuis deux ans – dates du dernier lavage des draps et peut-être même des cheveux. Tout ça pour dire que c’est bien comme du Dinosaur Jr joué sur une cassette froissée.
VENDREDI 16
Gengahr // Bathed In Light (Atticus Remix)
Bon, vous allez finir par croire que j’ai des intérêts personnels dans la carrière de Gengahr, Anglais régulièrement sélectionnés dans cette rubrique (et au festival Les Inrocks Philips en plus). Mais je n’ai qu’un immense intérêt personnel pour leur musique, suffisamment riche et malléable – on s’en doutait – pour résister avec grandeur à l’exercice du remix. Comme chez leurs compatriotes de Toy, c’est d’ailleurs aussi à ce genre d’exercices périlleux que se mesure la souplesse et la liberté du songwriting, et sa capacité à encaisser les chocs et coups.
SAMEDI 17
Warm Graves // Ravachol
Sur le papier, c’est déjà un peu compliqué : des musiciens venus d’Italie, des Etats-Unis et d’Allemagne se réunissent à Leipzig pour, sur ce premier extrait de l’album décoiffant Ships Will Come, rendre hommage à Ravachol, anarchiste français tout à fait guillotiné. Mais ça se complique encore plus sur disque, où le groupe réussit à faire tenir quinze chansons et mille influences par titres, en un psychédélisme de science-fiction qui inquiéterait même les Flaming Lips, même Mercury Rev. Parfois, quand les mâles dominants se mettent à bramer en chœur, on y entend Arcade Fire – c’est dire qu’on ne lésine pas ici sur l’usage des flammes.
//player.vimeo.com/video/103690889
DIMANCHE 18
Fumaça Préta // Vou Me Libertar
C’est dimanche, il faut danser pour oublier la semaine et la noyer dans la sueur, la poufiasse. On ne va pas sortir comme chaque jour une nouveauté, mais replonger dans le dossier lourd, dans l’implacable, dans ce single oublié de 2012, sur lequel psychédélisme, soul, garage-rock et dub se lançaient dans une des sarabandes les plus possédées jamais vues depuis les grandes heures d’Os Mutantes. Il y a d’ailleurs du sang brésilien sur ce single, mélangé à haute pression avec d’autres venus du Portugal, de Hollande, du Venezuela ou d’Angleterre. Il y a surtout du sang chaud dans ce collectif dingo, qui fait chaud au corps et met le feu aux semelles. Bon dimanche ah ça oui.
http://youtu.be/ugWRFUYr_LY
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