En Egypte, les commémorations pacifiques du dimanche 25 janvier, en mémoire du soulèvement populaire de février 2011, qui a entraîné la chute d’Hosni Moubarak, ont causé la mort d’une vingtaine de personnes. Parmi elles, Shaïmaa al-Sabbagh, immortalisée par un photographe.
L’agence Reuters avance un bilan d’au moins 17 morts, dont 14 manifestants, durant les affrontements avec les forces de l’ordre qui ont entouré, dimanche 25 janvier, au Caire et à Alexandrie, les commémorations du soulèvement populaire de 2011, ayant entraîné le départ de l’ancien président Hosni Moubarak.
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Parmi ces manifestants, il y avait Shaïmaa al-Sabbagh, 34 ans, membre de l’Alliance populaire socialiste, un parti considéré comme laïc et de gauche. D’après des témoins, elle aurait été atteinte par un tir de chevrotine dans le dos. Ils affirment que la femme, mère d’un enfant de cinq ans a été tuée par la police. Un photographe de l’agence Reuters, Al Youm Al Saabi, a pris le cliché de la jeune femme mourante, dans les bras d’un autre manifestant, qui pourrait être son mari.
La photo a suscité l’émotion internationale et a été reprise et publiée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux :
Egyptian activist shot and killed during peaceful protest in Cairo http://t.co/UOvuO8hmMW
— TIME.com (@TIME) 25 Janvier 2015
Le ministère de l’Intérieur égyptien a nié être l’auteur du tir mortel. Le parquet a ouvert une enquête. D’après le rapport médico-légal, la manifestante aurait été « touchée dans le dos », rapporte HWR, ajoutant que « même si les vidéos et les photos ne montrent pas quand et comment elle a été tuée, elles montrent que certains membres des forces de sécurité étaient armés de fusils. »
« L’usage excessif de la force »
L’ONG Human Rights Watch (HWR) a vivement dénoncé « l’usage excessif de la force » par la police égyptienne, dans un communiqué publié hier :
« La mort d’au moins 20 personnes en Egypte, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre entourant les commémorations du soulèvement populaire de 2011, souligne la nécessité d’une enquête indépendante sur l’utilisation excessive de la force par les autorités. Une femme et et une jeune fille de 17 ans ont été tuées en marge de l’anniversaire en participant à des manifestations apparemment pacifiques, et au moins 18 sont mortes le jour de l’anniversaire, le 25 janvier. »
« Quatre ans après la révolution, la police tue toujours régulièrement des manifestants, a déploré la directrice pour le Moyen Orient de HWR, Sarah Leah Whiston. Alors que le président était à Davos, peaufinant son image internationale, ses forces de sécurité faisaient usage de la force contre les Egyptiens qui participaient à des manifestations pacifiques », a-t-elle poursuivi.
1 400 décès depuis juillet 2013
Selon HWR, depuis le départ de Mohamed Morsi (qui avait succédé à Hosni Moubarak), destitué par l’armée en juillet 2013, les forces de l’ordre – policiers et militaires – du nouveau président al-Sissi seraient à l’origine de 1 400 décès de manifestants pro-Morsi, dont 700 en seulement quelques heures, au Caire, le 14 août 2013, ce qui en avait fait « la pire tuerie de masse de l’histoire moderne de l’Egypte », rappelle l’ONG. Au total, 150 personnes ont été arrêtées ce week end. Lundi, le ministère de l’intérieur a affirmé que 516 partisans des Frères musulmans ont aussi été emprisonnés.
Quatre ans se sont donc écoulés depuis le départ d’Hosni Moubarak de la présidence égyptienne. Malgré les incidents gravissimes de ces derniers jours, le pouvoir en place continue de jouir d’une popularité importante auprès de l’opinion publique. Le 23 janvier, la fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) publiait un communiqué où elle rappelait que « tout au long des derniers mois, l’Égypte s’est engagée sur une pente dangereuse quant au respect des droits humains ». « La communauté internationale est restée totalement silencieuse et il semble que cette situation ne soit pas près de changer, avait déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH, avant de conclure : « Tout cela est très préoccupant. »
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