Une invasion de larsens et drones venue de Bristol : du trip, mais sans aucun hope, le retour à la virginité de My Bloody Valentine, une science dynamique à rendre Mogwai jaloux.
Etirer façon barbelés son mur du son sur des kilomètres et le peinturlurer de bruit blanc est aujourd’hui à la portée de la première ganache. Le faire tenir insolemment droit et offrir ici et là des belvédères terrassants sur les grands espaces vierges relève d’une toute autre science.
C’est à Bristol, capitale anglaise de l’oisiveté, des drogues psychotropes et des basses qui grondent depuis les abysses, que s’est formé Fuck Buttons, groupe qui traite son indolence aux lentes décharges électriques. Rien de nouveau sous le ciel menaçant : à Bristol, Flying Saucer Attack ou Third Eye Foundation expériement depuis de longues années sur ces boucles hypnotiques de guitares détournées. Mais le duo a aussi tourné avec Mogwaï ou Shellac, deux groupes chez qui l’électricité est patiemment, savamment, sadiquement utilisée. Pas question ici de jeter par les fenêtres, bêtement, puérilement, des vastes décharges de courant alternatif : tout est pesé, des calmes acoustiques aux chaos de larsens et apocalypses de bruits blancs. Et cette dynamique, pourtant si galvaudée depuis le post-rock ou la réhabilitation massive de My Bloody Valentine, retrouve ici une virginité, une sauvagerie, accentuée encore par des vols bourdonnants de drones, par des voix torturées et par l’acharnement de beats tribaux. La force du duo, outre sa maîtrise orgasmique du temps, son impitoyable maîtrise des électrochocs, est d’offrir dans le carnage un sentiment assez inoui de sérénité, de paix. Car aussi contemplatif qu’explosif, Street Horrrsing serait, dans la discographie de Lou Reed, autant l’élégiaque Perfect Day que le monstrueux Metal Machine Music : à la fois l’arme toxique et le baume qui la soigne.
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