Mardi, le trompettiste français devait se rendre à Londres pour y donner un concert mais il a été retenu deux heures en gare du Nord. L’occasion pour lui d’apprendre qu’il était “fiché” par Interpol.
Pour le média en ligne Clique, Ibrahim Maalouf est revenu en détail sur sa mésaventure du mardi 17 novembre. Au lendemain de son hommage rendu aux victimes sur le plateau du Grand Journal de Canal+, le musicien était attendu pour une journée de promotion ponctuée par un concert en compagnie de Manu Katché au Barbican Center.
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« Interpol positif »
Mais lorsqu’il est arrivé en gare du Nord, le trompettiste né à Beyrouth n’a pas pu rejoindre le quai où l’attendait son Eurostar :
« J’ai été retenu par la police à la Gare du Nord. Il était indiqué sur leur ordinateur que mon passeport était signalé “Interpol positif”. Ils me l’ont confisqué et m’ont interrogé. J’ai raté deux trains supplémentaires, et annulé toute la journée de promotion que je devais faire à Londres. Puis, j’ai été relâché. J’avais ma carte d’identité sur moi, j’ai donc pu monter dans un train. Une fois assis, j’ai été rejoint par trois agents de la Douane qui m’ont demandé de descendre. J’ai refusé et nous avons eu une explication musclée car je n’avais rien à me reprocher. En fait, ils avaient mal pris le fait qu’un article du Parisien, publié quelques minutes plus tôt, relate ma mésaventure en disant que la douane m’avait arrêté, sur la base de ce que j’avais raconté sur mon compte Facebook personnel. »
Sur le post Facebook (effacé depuis) Ibrahim Maalouf ne mentionnait pas la douane mais la police. L’erreur d’interprétation relayée par le Parisien a valu un « échange musclé » au musicien qui n’a pas hésité à menacer les agents de revenir sur l’incident en longueur dans la presse. Dans l’interview mise en ligne par Clique dans la journée de mercredi, le trompettiste se réjouit d’être arrivé juste à l’heure pour son concert. Même s’il n’oublie pas de rappeler les dangers et les dérives liées à la panique et à la terreur : « Je pense qu’il y a, depuis la promulgation de l’état d’urgence, des procédés qui doivent dépasser les surveillances habituelles. Et là, je ne suis qu’un dommage collatéral insignifiant. »
« Il faut assurer notre sécurité mais sans abus »
Le musicien, dont le passeport a été confisqué mardi, avoue ne pas saisir grand-chose au statut de « Interpol Positif ». Pas plus qu’il ne comprend la cause ou les conséquences de ce fichage sur le plan juridique :
“Un terroriste fiché positif par Interpol sera automatiquement appréhendé à la frontière. Je l’ai appris à ce moment là. Je n’ai pas de temps à perdre avec ça. Je ne souhaitais pas en parler à la presse, ni même à des avocats. Mais exceptionnellement, je vous en parle parce que je trouve qu’il faut assurer notre sécurité mais sans abus. Et c’est bien que la police comme la douane soient au courant qu’on les surveille aussi, et qu’ils doivent être vigilants. […] Je pense simplement que je risque régulièrement d’être interrogé. Je répondrai. Tant que ça reste courtois, il n’y a pas de soucis. Ce qui m’embête c’est que je vais devoir partir deux heures plus tôt à chaque fois, par crainte d’être interrogé et retenu… Je ne peux pas manquer mes concerts à chaque fois qu’un agent de police ou un douanier fait du zèle… ”
S’il ne tient pas trop à s’épancher dans la presse en dehors de l’entretien, Ibrahim Maalouf se dit conscient que les forces de l’ordre doivent faire leur travail. Mais sans abuser de leur pouvoir :
“Chacun doit faire son travail consciencieusement, mais là, cela s’appelle de l’abus de pouvoir. J’aurais pu porter plainte si jamais ils m’avaient fait sortir du train de force. J’aurais été contraint d’annuler mon concert, il aurait fallu rembourser deux mille personnes, dédommager les organisateurs du festival et ça représente beaucoup d’argent. Heureusement, ils ont eu la présence d’esprit de réaliser l’absurdité de la situation et m’ont laissé partir. Des agents moins ‘intelligents’, auraient pu dépasser les bornes, et là ça se serait beaucoup moins bien passé.”
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