Michelli Gil Jaimez a été assassinée au restaurant La Belle Equipe avec 18 autres personnes par un commando terroriste le 13 novembre. Sa famille est en France pour rapatrier son corps au Mexique, dont elle était originaire.
Sur la porte vitrée du Café des Anges, au 66, rue de la Roquette, dans le XIe arrondissement de Paris, des visages jeunes et souriants, immortalisés sur des photos, ont été affichés au lendemain des attentats du 13 novembre. Ils s’appelaient Romain, Guillaume, Hodda, Hamila, Djamila, Ciprian, Hyacinthe, Ludovic, René, et ont été assassinés par un commando terroriste au restaurant La Belle Equipe, à l’angle de la rue de Charonne et de la rue Faidherbe. Entre La Belle Equipe et le Café des Anges, les bandes d’amis se confondent – le Café des Anges a perdu cinq employé(e)s ou ex-employé(e)s, et six clients réguliers.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Parmi ces visages, celui de Michelli Gil Jaimez, 27 ans, originaire de Tuxpan, dans l’Etat de Veracruz, au Mexique. Son sourire franc, ses traits doux et son regard emprunt de gentillesse en ont fait un symbole des victimes du terrorisme dans son pays natal. Depuis le 13 novembre, plus d’une centaine d’articles lui ont été consacrés de l’autre côté de l’Atlantique. A des milliers de kilomètres de Paris, l’onde de choc provoquée par l’impitoyable massacre revendiqué par l’Etat islamique a été aussi brutale qu’à Paris.
« Elle s’entendait très bien avec ceux qui n’allaient pas bien »
Virgile, le gérant du Café des Anges, où elle a travaillé plusieurs années, a les traits marqués par la tristesse quand nous le rencontrons ce 17 novembre. D’une voix blanche, il se souvient de Michelli : « C’était une fille super, très drôle, qui faisait un travail monstre et qui aimait beaucoup faire la fête – on a beaucoup fait la fête, souvent. Elle aimait beaucoup les gens, s’occuper d’eux. Elle s’entendait très bien avec ceux qui n’allaient pas bien. Elle était très gentille ».
Arrivée en France en 2008 pour poursuivre ses études à l’école de commerce de Lyon (EM Lyon), elle a travaillé à Paris comme manageuse au Café des Anges, au Chat Bossu (situé sur le Faubourg Saint-Antoine) et à La Belle Equipe, rue de Charonne, où 19 personnes ont été assassinées ce 13 novembre. Ce soir-là, elle fêtait l’anniversaire d’Hodda, co-gérante de La Belle Equipe et sœur d’un serveur du Café des Anges, avec un groupe d’amis.
Quelques jours plus tôt, elle annonçait ses fiançailles
Une dizaine de jours plus tôt, le 26 octobre, elle annonçait sur Facebook s’être fiancée avec son compagnon, « Filo » (Filipo), responsable d’un café rue Amelot. « Cet été, ils étaient partis au Mexique voir sa famille, et il avait demandé sa main à son père », relate Virgile. « Elle est venue en mai pour nous présenter son fiancé, on a été ensemble pendant un mois. C’est la dernière fois où nous l’avons vue vivante », se souvient sa grande sœur, Karla Iveth Gil Jáimes. Ils avaient le projet de se marier au Mexique et d’ouvrir un restaurant à Paris. Les balles des assassins y ont brutalement mis un terme.
Au Mexique, sa mort a fait l’effet d’une déflagration pour sa famille et ses proches. Après un moment de doute interminable sur la possibilité qu’elle ait survécu, son décès leur a été rapporté par Filo, puis confirmé par l’ambassade mexicaine en France. Bouleversé, le cousin de Michelli, Félix José Gil Herrera, condamne dans la presse mexicaine : « Un acte lâche, un acte de terrorisme de personnes aux croyances religieuses absurdes, a mis fin à la vie de ma cousine. […] Michelli était une fille charmante, très heureuse, travailleuse et brillante ».
« Votre combat ne fait que provoquer la douleur et la haine »
Sa mère et ses frères et sœurs ont fait le voyage en France afin de la reconnaître et de remplir les procédures pour rapatrier son corps, avec le soutien financier des autorités mexicaines. Son père a été tellement affecté par la nouvelle qu’il n’a pas été en mesure de faire le déplacement. La grande sœur de Michelli, Karla Iveth Gil Jáimes, a délivré un message plein de tristesse et de dépit à destination de l’Etat islamique et des terroristes qui s’en revendiquent :
« Nous voulons tous la paix, et surtout que vous vous rendiez compte que la vague de terreur que vous provoquez n’a pour effet que de retirer la vie à des innocents. Vous n’êtes pas en train de changer le monde, et vous n’allez pas en prendre le contrôle. Si votre objectif est de semer la terreur, et d’augmenter la haine dans le monde, vous êtes en train d’y parvenir. Votre combat ne fait que provoquer la douleur et la haine ».
Interrogé par la presse mexicaine, le fiancé de Michelli, Filo, la décrivait comme « très heureuse, c’était un amour, elle était très sociable, elle adorait soutenir les autres ». Sur Facebook, il s’est fendu d’un statut d’une profonde tristesse: « Je t’aime mon amour. Repose en paix ».
{"type":"Banniere-Basse"}