Rock’n’roll Passionnant et possédé, le rock rétro de Londoniens romantiques.
Sans lien de parenté avec Sylvain Sylvain et Jerome K. Jerome, le dénommé Vincent Vincent ne butte par sur les mots quand il les déclame, détaillant avec trémolos et précision le quotidien des rues londoniennes ou de sa chambre ennuyeuse. Ces histoires se passent dans les années 2000, mais on serait tenté de les situer plutôt vers la fin des années 1950, à l’époque de la candeur du doo-wop et de la fièvre rockabilly. Le titre de l’album peut porter à confusion, puisque ces chansons explosives, à écouter de préférence en 33t, n’ont absolument rien de gospel.
Il faut en fait comprendre le deuxième sens de gospel : parole d’évangile. A coups d’innocents sha la la et de claquements de doigts, Vincent Vincent cite Buddy Holly ou Roy Orbison avec un chant fougueux à l’excès, digne d’un prédicateur envoûté qui lutterait contre un ouragan. Ce qui pourrait n’être qu’une avenue toute droite, de la simple pop vintage, pleine de chœurs entraînants (Sweet Girlfriend) et de guitares raffinées, se révèle un coupe-gorge aux portes cochères inquiétantes, comme sur le très théâtral Cinema et surtout sur End Of The Night, où on croirait entendre le Wicked Game du tombeur Chris Isaak, mélangeant ainsi les époques sans crier gare. « L’alcool me brouille la vue et je titube jusqu’à chez moi dans la nuit froide » : la fête est finie.