Romain et Florent Bodart sont les lauréats 2015 des Audi talents awards dans la catégorie Musique à l’image. Autodidactes, les deux frères ont su séduire le jury grâce à l’approche organique et électronique de leurs compositions. Rencontre avec ce duo pluridisciplinaire, à la fois musiciens, graphistes et réalisateurs.
Quelle est votre formation musicale ?
Florent Bodart : Nous n’avons pas eu vraiment de formation : nous avons tout appris de manière autodidacte.
Romain Bodart : Notre père est luthier : quand nous étions enfants, il y avait plein d’instruments qui trainaient chez nous. J’ai ainsi pu apprendre le piano, le violoncelle, pour des prises de son, ainsi qu’un peu de guitare.
Vous ne faites pas que de la musique…
Florent Bodart : En effet, je dessine, comme Romain, et suis illustrateur depuis la fin des années 2000. Je travaille aussi le bois, nous touchons à plein de domaines.
Romain Bodart : Dans le domaine des musiques à l’image, être pluridisciplinaire n’est pas une obligation, mais cela a, je pense, beaucoup joué dans la décision du jury.
La musique à l’image est-elle une problématique qui vous parle ?
Florent Bodart : Nous avions quelques expériences en musiques à l’image, mais pas énormément. A l’origine, nous faisons surtout de la composition musicale.
Romain Bodart : Plus jeunes, nous avons réalisé des clips sur des morceaux de Radiohead. Nous avons ensuite commencé à imaginer notre propre musique et par la même occasion les images qui allaient avec.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans la musique à l’image ?
Florent Bodart : La complémentarité des deux médias. Il faut arriver à accompagner aussi bien l’un que l’autre, trouver les mélodies qui vont bien ensemble…
Quels artistes vous ont influencé, ou donné envie de vous pencher sur les musiques à l’image ?
Romain Bodart : J’aime beaucoup Johnny Greenwood mais aussi Brian Eno, Philip Glass, beaucoup de compositeurs dits de musique classique comme Debussy, qui ont des approches modernes.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Florent Bodart : C’est en fonction du projet. En général, nous essayons de travailler au maximum à deux et au même endroit, ce qui était difficile puisque nous ne vivions pas dans la même ville. En ce moment, c’est plus facile, nous sommes réunis dans le sud. Nous réfléchissons à nous implanter dans un studio pour simplifier notre travail.
Romain Bodart : Pour notre groupe, Idioma, l’un envoyait une piste et l’autre continuait si ça lui plaisait. Nous faisions des allers-retours constants, nous améliorions les pistes…
Votre approche se démarque par votre goût pour la musique électronique…
Florent et Romain Bodart : Complètement. Nous en avons toujours écouté, et ne faisons pratiquement que ça. Même si nous incluons souvent des instruments et qu’on écoute beaucoup de musique classique, le ton reste résolument électronique. Notre travail est un peu à la rencontre de ces deux genres musicaux.
Vous parliez de votre groupe, Idioma : la musique à l’image et ce duo sont-ils deux projets très différents ?
Florent Bodart : Nous ne faisons pas le même style de compositions. Nous imaginons généralement une musique plus calme. Pour accompagner les images, on nous demande plutôt des mélodies plus dansantes, plus électroniques.
Romain Bodart : Nous en sommes actuellement à notre deuxième vidéo nous nous apercevons que les compositions sont aussi beaucoup plus structurées, il y a des musiques témoin à respecter, différents points de vue…
Qu’est-ce qui vous a permis d’après vous de vous différencier parmi les participants aux Audi talents awards ?
Florent Bodart : Nous faisons depuis longtemps de la musique ensemble, et nous avons trouvé comment notre identité et notre son. Notre duo a une approche peu traditionnelle, des mélodies un peu oniriques…
Romain Bodart : Nous utilisons très peu d’instruments virtuels : ce ne sont que des enregistrements de sons concrets ou d’instruments. Du coup, il y a une vraie recherche de textures personnelles.
Ressentez-vous l’impact du concours sur votre carrière ?
Florent Bodart : Nous avons fait de belles rencontres, comme celle de Vincent Carry (ndlr : directeur des Nuits Sonores et jury 2015 aux Audi talents awards catégories musiques à l’image), avec qui on a gardé contact. Nous commençons à peine, nous n’avons pas fait encore assez de vidéos pour ressentir l’impact.
Romain Bodart : Néanmoins, on sait que cela va nous aider énormément.
Avez-vous une envie particulière dans le secteur des musiques à l’image ?
Florent Bodart : Depuis longtemps, nous rêvons de cinéma : pourquoi pas un long-métrage ?
Vous vous voyez travailler avec quelqu’un d’autre de votre frère ?
Florent Bodart : Nous aurions du mal à impliquer quelqu’un d’autre. Déjà qu’à deux c’est souvent difficile…
Romain Bodart : Je suis ouvert aux collaborations : j’ai un projet solo de musique que je compte bien travailler qui s’appelle Manoir. Un morceau est déjà disponible sur le label infiné.
Comment s’annonce la suite ?
Florent Bodart : Nous avons déjà travaillé sur trois vidéos avec Audi, et la marque a promis de nous accompagner sur un projet personnel que nous n’avons pas encore défini. Nous allons aussi faire des concerts avec Idioma et chercher des dates pour ce projet !