Au cloître du Couvent des Cordeliers, le plasticien français présente son travail proche de la science et de la technologie.
Qu’est-ce que la couleur ? Qu’est-ce donc que cette sensation que produisent sur l’œil les radiations de la lumière telles qu’elles sont absorbées par les corps ? La couleur ? le rouge par exemple – est-elle dans l’objet qui s’offre au regard ou est-elle dans l’esprit de l’observateur ? Pourquoi un fruit vermillon plongé dans une lumière verte apparaîtra-t-il gris ? sous une lumière jaune, orange ? sous une lumière bleue, violet ? et, sous une lumière absolument blanche , rouge ? Ainsi, la couleur est-elle objective ou subjective ? Est-elle dans le fruit ? dans la lumière ? dans l’œil de celui qui regarde ?
Mais alors, que se passe-t-il vraiment lorsque l’on se retrouve au c’ur du dispositif scénique de Laurent Saksik, artiste plasticien né en 1962, dans ce partage de la transposition d’un phénomène lié au rayonnement infrarouge qu’il expose en ce moment au cloître du Couvent des Cordeliers, aux côtés des uvres de François Morellet et de Yann Thoma ?
Par extension, et allant flirter avec les préoccupations de Newton, Goethe, Becquerel, Chevreul, mais aussi celles du Caravage, Rembrandt, Turner, Manet, Delaunay et plus près de nous Soto ou Dan Flavin, c’est bien de la problématique de la lumière qu’il s’agit. Et Laurent Saksik ne dira point le contraire, lui qui il y a une dizaine d’années a préféré opter pour la recherche artistique après des études de philosophie et de physique. De ce fait, sa problématique prend racine et ancrage autour de la couleur, et reste donc avant tout celle d’un peintre. Féru de théorie, et notamment de Joseph Albers (peintre et enseignant au Bauhaus autour de l’interaction de la couleur dans les années 30) et de la démarche de Monet et de ses « Nymphéas », Laurent Saksik a définitivement remplacé le chevalet par du verre plat et des projections lumineuses.
Selon lui, la couleur n’est pas une propriété de la peinture et l’artiste cherche même, via ses installations de verre qui usent et abusent de la lumière, des reflets et de l’œil du spectateur, ?à immerger celui-ci dans un environnement 3D coloré et provoquer en lui une expérience chromatique inédite . Avec un tel type d’ uvres, on voit à quel point la couleur ne serait donc pas une affaire de pure peinture. Que le rouge n’est ni dans l’objet ni dans la lumière mais qu’il est, et dans l’objet et dans la lumière, ou plus précisément qu’il se manifeste par l’association de la lumière et de l’objet, et que le spectateur, baigné et piégé de rayonnements lumineux, se place exactement à mi-chemin du phénomène couleur, de cette manifestation’ sensorielle colorée riche de surprise et de dimension philosophique.
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A noter, depuis le 25 juin, Laurent Saksik présente une uvre inspirée du mythe de Diane dans le cadre de l’expo « Chassez le naturel » au château de Chambord ? Chambord étant l’un des vingt hauts lieux de l’architecture appartenant au Centre des monuments nationaux (Monum) qui accueillent pour plus d’un an des uvres d’art actuel issues des collections du Fonds national d’art contemporain (Fnac).
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