Suite des aventures en zig-zag de l’Islandais Bardi Johannsson – cette fois entre fugue et raison avec Bang Gang.
Qu’un musicien aussi raffiné que Bardi Johannsson ait choisi un sobriquet aussi pendable que Bang Gang pour évoluer en solitaire est une énigme. Mais ce n’est un secret pour personne, le flacon peut être des plus douteux, ce qui compte c’est que l’ivresse du Grand Nord soit au rendez-vous, comme sur Ghosts from the Past. Ce troisième album sous cette identité confirme en effet que question songwriting polaire, ce grand blond en costume noir est si habile qu’il peut se permettre bien des fantaisies, quitte à mettre un peu de temps à retrouver son chemin. Au terme d’un hiatus de cinq ans, on découvre donc que Bardi Johannsson a rangé une partie de ses alambiques et s’est orienté vers une écriture plus concise, plus directe, pour le meilleur comme pour le pire.
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Limite vulgaire, la première moitié de l’album fait pour ainsi dire honneur au patronyme grivois, du solo de guitare chevelu qui abat en plein vol l’élégance chagrine de One More Trip aux conventions radiophoniques de I Know You Sleep. Sans parler des crispantes rodomontades électriques de Black Parade, qui aurait pu sonner le glas de cet effort s’il n’avait était défloré par The World Is Gray, un petit bijou d’évidence pop et de mélancolie, léger et immédiat comme un flocon se posant sur une langue.
Chassez le naturel et il revient au galop : c’est bien lorsqu’il délaye et opte pour la légèreté que Johannsson gravit des sommets. Sur Lost in Wonderland pour commencer, titre instrumental au lyrisme angélique, puis sur le morceau titre, qu’on préfèrera écouter à faible volume de crainte que ses mélodies de poche ne se fêlent.
L’on redécouvre alors pourquoi on s’était pris d’affection pour cette grande gigue : sa délicatesse vocale, ses arrangements cristallins… et sa complicité avec la toute aussi humble Keren Ann, qui vient raviver l’heureux souvenir de Lady & Bird le temps d’un Don’t Feel Ashamed spectral comme il se doit. De quoi faire passer, au final, ses compatriotes de Sigur Rós pour des habitués du Fury Fest.
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