Alors qu’on commençait à connaître par coeur le brillant « Happiness » après une saison d’écoute assidue, on est allé se dégourdir les jambes et les oreilles à Ris-Orangis et entendre les morceaux de Sébastien Schuller faire peau neuve.
Délectant nos précieuses bières tarif Paris intra-muros, on observe du tout
premier rang Sébastien Schuller et ses quatre acolytes installer batterie, basse, guitares, claviers, xylophones et ibook pour un concert reprenant les morceaux du panoramique « Happiness », l’album d’un seul homme et d’une seule chambre de bonne de 7e étage. Les premières notes de « Donkey Boy » rendent caduque toute contradiction superficielle. Schuller, percussionniste de formation, en rendant à la rythmique sa primauté sans jamais lui donner l’aval sur la mélodie, parvient à adapter ses morceaux intimes aux exigences de l’exercice du concert. Les cigarettes tremblotent, les visages se ferment et évitent nos regards pourtant encourageants, la voix de Sébastien vacille parfois. On ne pouvait pas s’attendre à moins qu’à cette timidité touchante puisqu’on s’y était déjà complu, loques romantiques que nous sommes, dès le premier maxi, le saturnien « Weeping Willow ». A chaque morceau (« Sleeping Song », « Edward’s Hands », »Tears Coming Home »), la mélodie finit par s’enivrer dans un chaos jouissif et méthodique où se mêlent guitare, boucle électronique et chant lancinant ? le buveur de bière est enfin saoul. Mis à part des petits soucis techniques pinçant le spectateur rêveur et le rendant extérieur à cette musique-paysage, le concert parvient à se nourrir de ses contradictions et à en tirer une émotion intense et diffuse à la fois. Un magnifique titre inédit qui dit tout le talent qu’il reste au trentenaire termine la performance. En partant, Sébastien Schuller annonce comme un secret qu’il fera des concerts à Paris à la rentrée. On est ravi Mais on n’attendra sûrement pas septembre pour le croiser à nouveau (Paris-plage, Route du rock). Alors, comme il est désagréable de sortir d’une salle obscure après avoir vu un film éblouissant, comme ses images persistent sur la rétine, le concert de Sébastien Schuller bouleverse et n’autorise après lui rien d’autre que le silence du RER D nous ramenant à Paris. Tant mieux.
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