Jean-Luc Mélenchon envisagerait de poursuivre son combat contre Marine Le Pen en se présentant dans son fief du Pas-de-Calais lors des prochaines législatives. Solidement implantée à Hénin-Beaumont, la présidente du FN ne craint pas son parachutage.
Lundi lors du conseil national du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon a émis l’idée de se présenter face à Marine Le Pen dans la 11eme circonscription du Pas-de-Calais. Sa décision n’est pas encore entérinée mais La Voix du Nord révèle que le député européen a rencontré le patron fédéral du Parti communiste, Hervé Poly, pour réfléchir au projet.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Jean-Luc Mélenchon ne sait pas encore s’il sera candidat aux législatives », tempère le secrétaire national du Parti de gauche, Alexis Corbière. »S’il l’était, le Pas-de-Calais ne serait qu’un des quatre points de chute possible avec les Bouches-du-Rhône, le Val de Marne ou bien encore l’Hérault« .
Quitte à ne pas être élu député, Jean-Luc Mélenchon chercherait à être utile politiquement et cette bataille symbolique pour empêcher Marine Le Pen de le devenir le séduirait. La décision définitive doit être prise samedi.
Durant les présidentielles, le Front de gauche avait déjà défié Marine Le Pen sur ses terres en tenant une réunion publique à Hénin-Beaumont le vendredi 9 mars dernier. Laurent Maffeïs et Alexis Corbière, auteurs de deux livres ripostes au Front national avaient dirigé le meeting.
Un choc médiatique
Médiatiquement, Marine Le Pen à tout à craindre de Jean-Luc Mélenchon. Lors de leur dernier débat télévisé le 23 février dernier sur le plateau de l’émission Des paroles et des actes, le duel avait tourné court. Indisposée par l’agressivité de l’ancien sénateur socialiste, la présidente du Front national avait refusé de débattre. Dans l’entourage de Jean-Marie Le Pen, on avait moyennement apprécié la performance. « Elle s’était comportée de manière hautaine, elle n’aurait pas dû rester silencieuse », murmure un proche du président d’honneur du Front national.
Dans les années 90, Bernard Tapie avait tenté le même pari que Jean-Luc Mélenchon en affichant en tête de ses priorités politiques, la lutte contre le Front national. Même s’il a peu de chances d’être élu dans le Pas-de-Calais, l’ancien ministre de la Ville estime donc que le leader du Front de gauche a raison de s’attaquer directement à Marine Le Pen. « Même si ses propositions économiques ne sont guère crédibles, Mélenchon a compris que la lutte contre le FN devait être une priorité politique. Si le Parti socialiste échoue à redresser le pays, vers qui se tourneront les électeurs la prochaine fois ? »
« Marine Le Pen s’est réjouie de la nouvelle »
A Hénin-Beaumont, la section locale FN se montre plutôt sereine. « C’est un coup médiatique qui n’aura aucun impact sur notre électorat. Il débarque à quatre semaines des élections, comment peut-il nous faire croire qu’il porte un projet pour la population héninoise ? », s’interroge Laurent Brice, secrétaire départemental frontiste et conseiller municipal à Hénin-Beaumont.
Le sociologue Sylvain Crépon auteur d’une Enquête au coeur du nouveau Front national notamment à Hénin-Beaumont, estime que Jean-Luc Mélenchon aura du mal à capter l’électorat frontiste. Lors du premier tour de la présidentielle, la présidente du FN est arrivée largement en tête de sa circonscription avec 31% des voix. « Si l’on tient compte des derniers résultats de la présidentielle, on se rend compte que Jean-Luc Mélenchon a beaucoup de mal à séduire l’électorat ouvrier. Sa marge de manoeuvre se situe plutôt auprès des abstentionnistes », analyse ainsi Sylvain Crépon.
Sûre de son implantation locale, Marine Le Pen ne craindrait donc pas l’arrivée du leader du Front de gauche. « Quand elle a appris la nouvelle, elle s’est immédiatement réjouie », confie un cadre frontiste. « Elle estime qu’il n’a pas l’appareil militant sur place pour la concurrencer et rêve de le défaire une nouvelle fois après son échec à la présidentielle ».
{"type":"Banniere-Basse"}