Les chansons lentes et luxuriantes d’un Californien minutieux.
Décidemment, le label luxembourgeois Own Records a le chic pour dénicher dans les dortoirs américains les plus élégants représentants d’un rock assoupi, songeur, contemplatif. Après les géniaux Gregor Samsa de Virginie, les lunaires Uzi & Ari de San Francisco ou les méditatifs Khale du Colorado, la mélancolie trouve une nouvelle voix douce et apaisée en Californie. Une fois encore, langueurs et lenteur oblige, on parlera de Low pour évoquer ces chansons étales et vastes, scintillante comme un océan de mercure, où surnage, étonnament radieuse, la voix espiègle de Blake Henderson, qui pratique dans le même souffle rare lyrisme et murmure. Comme souvent chez Own, on pourrait aussi parler de Brian Eno, pour cette façon de sussurrer des gospels livides et lo-fi avec un son de cathédrale, pour cette épure somptueuse de la pop, réduite à un canevas de silences et harmonies fatales (les obsédants Lady ou Heaviest). Car Blake Henderson fait partie de cette génération de songwriters/producteurs pour qui s’écrivent exactement en même temps son et chanson : rarement labo avait été si grâcieux, si précieux depuis Talk Talk ou David Sylvian.