Beaucoup de grands noms, mais aussi beaucoup d’inconnus à découvrir : le cru cannois 2005 assure en même temps qu’il promet des suprises. Sélection des films les plus attendus de ce festival et focus sur nos deux chouchous (pour l’instant) David Cronenberg et Gus Van Sant.
TENDANCES > En choisissant Emir Kusturica comme président du jury, le festival envoie un signe radicalement inverse à celui émis l’an dernier par le palmarès. Avec la Palme à Fahrenheit 9/11, le jury avait choisi un message politique (« stop Bush ») plutôt qu’une figure d’artiste (ça, même Michael Moore en conviendrait). Avec Emir Kusturica, c’est évidemment du contraire qu’il s’agit. Cannes a choisi de passer outre les diverses controverses liées aux prises de position politiques du réalisateur d’Underground (on rapporte même que certains jurés pressentis auraient refusé l’invitation pour ces raisons politiques) au profit d’un statut de prestigieux auteur international. Ce statut, c’est bien sûr le festival lui-même qui y a largement contribué (lui faisant partager avec Coppola et Imamura le privilège d’être deux fois palmé). On peut juger que c’est précisément comme figure d’artiste que Kusturica n’est pas un choix très stimulant aujourd’hui (moins vif, moins contemporain que Tarantino par exemple) ; on ne peut dénier en revanche à Cannes cette fonction d’accompagnement des grands cinéastes contemporains, des tout premiers films aux plus hautes distinctions. Le risque de cet élevage d’auteurs en serre est évidemment le circuit fermé, l’académisme de festival. Si on ne peut que se réjouir de découvrir les nouveaux Hou Hsiao-hsien, Cronenberg, Hong Sang-soo, Dardenne, Jarmusch… (et on compte sur ces grands cinéastes très cannois pour redéfinir de l’intérieur le profil d’un grand film d’aujourd’hui, comme avait su le faire Kiarostami avec son explosif Ten), le principal critère d’évaluation du cru 2005 sera quand même la capacité du festival à faire surgir de nouveaux noms. Les multiples premiers films retenus par Un certain regard, les choix aventureux de la Quinzaine des réalisateurs, peut-être de la Semaine de la critique, permettront, il faut l’espérer, d’élargir et renouveler ce qu’on peut attendre du cinéma. Rendez-vous donc dans les deux prochains numéros des Inrocks pour un défrichage en direct de la grande jungle auteuriste cannoise. Mais Cannes, c’est aussi des films qui sortent dans toute la France. Lemming aujourd’hui, Star Wars III/la Revanche des Sith la semaine prochaine et, dès vendredi, Last Days, nouvelle splendeur signée Gus Van Sant. Bon festival à tous, donc.
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