La nouvelle sensation UK Garage grime n’a pas encore dix-huit ans de moyenne d’âge mais est promu à une belle maturité. Du hip hop naïf et sincère en provenance de Manchester. Attention, ça déménage. Jugez par vous-même avec les vidéos de Switch et de Where we Live.
On comprend pourquoi les posters de Michael Jackson décoraient les chambres des cinq membres de Raw-T. Non que le roi de la pop soit l’influence majeure de ce premier album, Realise and Witness (après quatre mixtapes), mais plutôt qu’il soit un modèle de réussite prématurée. Comprenez que les quatre MC’s Mack D, Dreade, Solja et Little G et le producteur DT ont dix-sept ans de moyenne d’âge.
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Tous originaires de Manchester, les rejetons de Raw-T représentent le cas typique anglais d’une jeunesse immigrée et ouvrière à qui s’ouvre deux voies : la déconne ou fuir la déconne (par le sport, les études ou la musique). C’est en quelque sorte ce qui transpire des t-shirts Nike et Reebok de la bande tout au long de Realise and Witness : une naïveté juvénile de vouloir faire autre chose que ces potes qui tournent mal car ils n’y croient plus. Une détresse urbaine palpable à tous les instants qui se fout des couleurs et des classes sociales. La croisade n’est que plus attachante et impliquée. C’est sans doute cette urgence du flow cabossé et des beats rocailleux qui ont séduit Tony Wilson, qui les signe dès la première écoute sur F4, tout nouvel label et quatrième incarnation du mythique Factory Records.
Dans le son, on retrouve les spécificités anglaises d’aujourd’hui distordues et fracassantes : un mélange de garage, de hip hop plutôt lourd et de groove plus dance-hall. Pas très loin des Whiley, Kano voire Dizee Rascal, on sent que le producteur DT écoute aussi The Neptunes. Le premier single Where we Live représente bien ce pont entre une l’Angleterre et les States. Les fabuleux Starlight au refrain féminisé rappelle Bristol et les débuts de la Wild Bunch et de Massive Attack : de l’urgence, du désinvolte et des larmes. Rencontre à la cool avec DT autour d’un Mc Flurry Daim
Vous vous êtes rencontrés comment ?
DT : On était trois à être à l’école ensemble. Little G était un de nos potes hors de l’école. On traînait tout le temps ensemble à Manchester du côté d’Old Trafford. Quand on a commencé à faire du rap, Solja nous a rejoint. Depuis on tout fait tous les cinq. C’était il y a deux bonnes années.
Vous écoutiez quoi étant plus jeunes ?
DT : En ce qui me concerne, j’avais un père assez intéressé par la musique soul et gospel. On écoutait beaucoup Marvin Gaye à la maison. Aussi non, j’ai beaucoup scotché sur Michael Jackson évidemment. Pour ce qui est du rap, c’était principalement des trucs américains : Wu-Tang, Public Ennemy, ?
C’est plutôt pas mal comme background pour quelqu’un qui n’a pas encore dix-huit ans’
DT : C’est vrai. Je pense que c’est peut-être aussi pour ça que je me suis dirigé vers la production. Je voulais essayer de faire comme ceux que j’écoutais. J’ai eu la chance de pouvoir chipoter sur des machines assez jeune. J’ai réalisé tous les sons de Realise and Witness.
C’est drôle car sur cet album, c’est indéniable que vous êtes anglais. De par le flow mais aussi en ce qui concerne la production. Vous vous retrouvez au milieu de Whiley, Kano ou The Streets ?
DT : On aime beaucoup ce qu’ils font mais malheureusement on ne se connaît pas bien. On a déjà rencontré Whiley mais pas les autres. Je pense qu’incontestablement on représente un certains nouveau son anglais. Il est clair aussi que j’adore des mecs comme The Neptunes. Ce qu’ils font est vraiment énorme. J’aimerais me rapprocher de leur travail dans l’avenir tout en continuant mes expérimentations plus grime.
Comment êtes-vous arrivés à monter Raw-T ?
DT : On avait déjà chacun fait des trucs de notre côté pour des amis et le temps était venu d’enfin faire notre propre truc. On a sorti d’abord quelques mixtapes, puis on avait assez de bons morceaux pour un album complet : Realise and Witness est né.
Raw-T, c’était aussi une manière de rester dans le droit chemin ?
DT : Carrément. On vient d’un milieu pauvre. Beaucoup de nos amis d’enfance ont suivi de mauvaises voies. Certains réussissent aussi de bonnes choses comme les études c’est clair, mais la plupart sont attirés par l’argent facile et souvent sale. Quand tu viens de notre quartier et que tu penses comme moi, toute ta vie tu sais que tu vas réfléchir et penser à des moyens de contourner le business facile. Pour moi, être quelqu’un de bien, satisfaire ma famille et faire ce que j’aime sont mes moteur.
Vous êtes attirés par le succès et plus loin, par l’argent ?
DT : Pas du tout. On veut juste pouvoir vivre sans faire de conneries. Tu ne me verras jamais rouler dans une grosse voiture, la musique à la fond la caisse, une bimbo sur le siège passager et des chaînes en or autour du cou. Le succès, ça veut dire pas grand choses non plus. Beaucoup de nos amis ont préféré traîner dans la rue, je suis content aujourd’hui d’avoir éviter cela. Le fait de ne pas avoir mal tourner, c’est ça pour moi le succès.
Vous connaissiez Tony Wilson avant qu’il vous signe ?
DT : On savait qu’il avait fait beaucoup pour Manchester. Mais ce n’est qu’après qu’on a réalisé que ce mec a découvert Joy Division et les Happy Mondays. On est bien sûr très fiers d’avoir été repérés par un professionnel comme lui.
Avec l’aimable autorisation de DISCOGRAPH
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