Au Sénégal, trois frères ravivent la flamme du folk africain, ramené à l’essentiel, en toute simplicité.
(Mon Slip/Warner)
Entre Saint Louis et Podor, sur la rive du fleuve Sénégal, s’ouvre le pays des baobabs, ces géants qui veillent sur une terre pauvre en végétation et riche en esprit. Partout, ils y déploient leurs branches puissantes en forme de tubercules, comme si dans ce désert tout était inversé, les racines dans le ciel, les fruits dans la terre. Vous les regardez, placides, indestructibles. Leur présence suffit à vous redonner force et sérénité. Les trois Frères Guissé viennent du pays des baobabs, le Fouta des peuhls sénégalais. Une photo sépia du livret nous en montre trois spécimens majestueux. Dans Yakaar (Espoir) premier disque produit par le label des Têtes Raides- après 3 cassettes et un album hollandais- circule une sève qui elle aussi apaise et ranime. Le chant à trois voix des Guissé est limpide en harmonie, nourrissant en sagesse. Il dénonce le malheur et les souffrances avec une telle absence de prétention prosélyte, une si parfaite sincérité, qu’on les écoute, qu’on en ressent chaque intention malgré la barrière de la langue (fulani et wolof). Une guitare acoustique, un xalam, quelques percussions suffisent à son accompagnement. Jean Lamoot, producteur des Têtes Raides et de Salif Keita, s’efface devant cet afro folk simplement beau, émouvant, et qui se suffit à lui-même. Dans CC Le Feu, ils choisissent le français pour parler de la guerre telle que la vivent les mères des enfants morts à Sarajevo, Soweto, au Rwanda. Ce qui serait banal ou démagogique chez d’autres ne l’est pas ici. Les Frères Guissé sont désarmants car il est temps de désarmer. Les Frères Guissé sont nos frères.
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