Le chouchou de la mode expose à Paris une très belle série de dessins inédits.
Courbes et contre-courbes, ombres, contours assombris, détails graciles, traces de gomme, rajouts par calques, collages’ Il y a aussi çà et là des animaux, des feuilles, des fleurs, des mots ; parfois même, tout le végétal-animal semble émaner des personnages et de leurs grands yeux solitairement profonds. Parfois les cheveux-lianes et autres vêtements flottants finissent par se propager jusqu’au bord du papier. Les thèmes sont people (mannequins ou actrices célèbres), liés en tout cas à un cercle restreint (amis, s’urs, mère). Le trait, lui, est toujours net, épuré. Ici rien ne bouge, tout est calme, mesuré, parfois même avec une touche de luxe et volupté, un peu comme si le dessin devenait la troublante et élégante écriture de l’intime. Dessins, illustrations de mode, graphisme, tout ici est poétique en grand flirt féerique. Via le dessin, c’est un peu comme si j’écrivais’, confie le Franco-Britannique ; chaque portrait est le dessin de quelqu’un que j’aime, sorte de chapitre d’une histoire qui me raconte.? En fait, ce jeune artiste de 26 ans seulement n’en est plus à ses premiers essais ? depuis 2000, il collabore avec les magazines comme « Purple », « Dazed & Confused », « Io Donna » et « Doingbird » pour lequel il a notamment réalisé un dessin de Joanna Preiss, voir photo ? et c’est un peu comme s’il déversait sur le monde de brutes une infinie pureté. En fait, tout est parti de huit pages d’illustrations de mode que j’ai faites pour le magazine ‘Crash , en 2000? qui ont intrigué le cénacle de la fashion’. Il devient dès lors incontournable. Les grandes marques scrutent à tâtons son évolution : APC, Wendy & Jim, Calvin Klein lui commandent leurs campagnes de pub ; récemment Beck sa pochette d’album ; en 2004, il reçoit une bourse de l’Andam pour créer sa première collection de vêtements inspirée des photographies de Lewis Caroll. Mais pour le dessin, son premier amour, le jeune artiste reste dans l’élémentaire : une feuille A4 ou A3, un crayon papier, le tout emprunt d’une imagerie parfois (encore) scolaire (mains, yeux), parfois aussi étrangement inquiétante (ses dessins sont réalisés d’après copie de photos de magazine), au final plus proche de Beardsley ou Tracey Emin que de Shrigley ou Séchas. Mais ce mélange appliqué de réalité et de fantasmes forcent la sphère secrète du privé, et ces dessins sont bel et bien à la limite mode-graphisme-art. C’est ce jeu de territoires qui est pertinent. Les fondateurs de la galerie Baumet-Sultan (Stéphane et Guillaume) ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, eux qui ont uvré pour la Fondation Lambert, à Avignon. Avec Anastase, ils prouvent que le dessin d’artiste est en pole position de la création contemporaine.
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