Ecrite par Thierry Smolderen et dessinée par Alexandre Clérisse, une plongée ludique, légèrement psyché mais jamais nostalgique dans les bouillonnantes sixties.
Couleurs avenantes et dose de mystère en arrière-plan (une paire d’yeux au regard hypnotique) : la couverture promet un récit pop haletant et vaguement vintage. Ce que l’orthographe de Diabolik – référence au voleur masqué homonyme, personnage de BD culte en Italie – semble confirmer.
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Tout a priori ou certitude disparaît dès que l’objet révèle sa première astuce : il s’agit d’un livre dans le livre, le récit des souvenirs d’Antoine, à l’époque âgé de 15 ans et encore puceau. Sa mémoire d’adulte nous fait revivre une partie de tennis estivale, point de départ banal d’un thriller qui l’est beaucoup moins.
Pilote et Procol Harum
Au-delà de la mise en abyme initiale, Thierry Smolderen a donné à son scénario des airs d’eau dormante rétro : le swing des 60’s, les mœurs qui se libèrent, Pilote en kiosque et Procol Harum en bande-son. Mais, sous la surface, ça bouillonne étrangement : faux-semblants, affabulations et fantasmes nous attirent dans les profondeurs, à l’embranchement de destinées plus complexes qu’il n’y paraît. Et, quand à la fin leur étreinte se desserre, on prend conscience de la vertigineuse plongée narrative…
De par sa grande lisibilité, le graphisme souple d’Alexandre Clérisse entretient l’apparence de légèreté et contribue énormément au subterfuge – comme en carton-pâte, les décors masquent mieux les intrigues.
Clérisse le caméléon
Trempée dans un psychédélisme soft, chaque page flatte les yeux et donne envie d’être affichée au mur tant les trouvailles ludiques se bousculent. Le dessinateur au style gracile renouvelle ainsi la mise en scène d’une course-poursuite, rend prenante une simple montée d’escalier ou une promenade en bicyclette. Et quand il s’agit d’être dans le registre émotionnel, il a recours à des procédés lumineux.
Dans le très bon Souvenirs de l’empire l’atome (déjà écrit par Smolderen) et sa science-fiction façon puzzle, Clérisse revisitait les 50’s avec ingéniosité. Avec L’Eté Diabolik, le dessinateur trentenaire confirme des dons de caméléon, reconstituant l’atmosphère de la décennie suivante avec fraîcheur et sans nostalgie indue. Un duo d’auteurs vraiment diabolique…
L’Eté Diabolik (Dargaud), 168 pages, 21 €
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