Accro aux armes, anti-avortement et coutumière des dérapages racistes, cette militante du Tea Party s’impose déjà comme une pièce maîtresse de la campagne de l’ancien magnat des affaires pour la primaire républicaine.
Depuis plus de deux mois, Katrina Pierson fait le bonheur de la télévision américaine. Brushing impeccable et sourire charmeur, elle est de tous les talk shows du câble, de toutes les interviews sur les chaînes d’info en continu. Une « bonne cliente » qui n’a qu’un objectif : faire passer à tout prix le message de Donald Trump. Quitte parfois à aller trop loin.
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Le 30 décembre dernier, l’une de ses énièmes apparitions sur CNN a provoqué un véritable tollé. En cause, un simple collier. Au lieu de perles, Katrina Pierson portait des balles autour du cou. Une manière pour elle de rappeler son attachement à la NRA (National Rifle Association). Vertement critiquée sur les réseaux sociaux, la porte-parole refuse de faire son mea culpa. Bien au contraire. Sa défense sur Twitter est aussi cinglante que de mauvais goût : « La prochaine fois, je porterai un fœtus pour porter l’attention sur les 50 millions de personnes avortées qui ne seront jamais sur Twitter », écrit-elle.
Une provocation qui s’ajoute à la longue liste de ses sorties réactionnaires et racistes. Interrogée un peu plus tôt en décembre, toujours sur CNN, elle avait défendu avec aplomb la mesure de Donald Trump prévoyant d’interdire l’entrée du territoire américain à tous les musulmans. Face aux objections de la journaliste en plateau, elle fini par lâcher, excédée: « Et alors ? Ils sont musulmans ! »
En pleine campagne, ses nombreux débordements font de Kristina Pierson la meilleure ennemie des médias américains. Exhumant de vieux posts de son compte Twitter, ils ont fait de sa timeline le symbole de la radicalité et des errements de la communicante de 39 ans. Déjà pendant la campagne présidentielle de 2012, elle n’hésitait pas à écrire : « Parfait, le père d’Obama est né en Afrique, celui de Mitt Romney à Mexico. Où est passée la race pure ? » Elle même afro-américaine par son père, Kristina Pierson a tenté de se justifier le 25 janvier dernier, expliquant qu’elle avait voulu être « sarcastique ».
Dénoncer l’interventionnisme et les programmes d’aides de l’État
Si aujourd’hui Barack Obama est la principale cible de ses attaques, Katrina Pierson a pourtant voté pour lui en 2008. Déçue par les mesures sociales engagées par le Président, elle se rapproche petit à petit du Tea Party. Elle n’adhère pas aux idées de John McCain, trop élitiste, trop policé, lui préférant alors une Sarah Palin qui lui semble « plus normale ».
En 2009, elle apparaît pour la première fois à la tribune lors d’une rencontre informelle entre sympathisants au Texas. Elle affirme alors : « Aucun président ne peut changer votre vie. Aucun gouvernement, aucun ami, aucune famille n’a ce pouvoir. Un président encore moins. » Une manière à peine voilée de dénoncer l’interventionnisme et les programmes sociaux de l’État.
Élevée dans un milieu défavorisée par une mère célibataire de 15 ans, elle en a pourtant elle-même bénéficié enfant. Selon le Texas Observer, elle aurait surtout reçu « 11 000 dollars de prestations chômage de la part de la commission d’aide du Texas entre janvier 2012 et novembre 2013. »
À cette époque, elle travaille aux côtés de Ted Cruz, aujourd’hui candidat à l’investiture républicaine, pour lui permettre de siéger au Sénat. Malgré son énergie et son enthousiasme sans faille, Katrina Pierson est la cible de commentaires peu élogieux. « Mon enfant de 8 ans a fait plus pour la candidature de Ted qu’elle n’aurait pu rêver le faire », rapporte anonymement l’un des organisateurs de la campagne au magazine américain Politico. Approchée par l’entourage de Donald Trump et échaudée par les critiques, elle tourne finalement le dos à Ted Cruz.
Le mentor idéal
Faire partie du premier cercle, soutenir envers et contre tout « son » candidat…Katrina Pierson semble taillée pour les seconds rôles. Plus qu’une réelle volonté de s’épanouir dans l’ombre, sa carrière politique semble surtout témoigner de son incapacité à rallier les électeurs. En 2014, lors de la primaire républicaine organisée dans le 32e district du Texas avant les élections à la Chambre des représentants, elle n’était pas parvenue à s’imposer face à son adversaire sortant, Pete Sessions. Avec Donald Trump, la jeune femme semble donc avoir trouvé le mentor idéal pour porter haut sa volonté d’en découdre avec le politiquement correct et sa haine de l’establishment de Washington.
Une proximité de façade selon Cal Jillson, professeur de sciences politique à la Southern Methodist University à Dallas au Texas. Sur le site d’info McClatchy DC, il souligne que « si Katrina Pierson était inefficace, Donald Trump n’hésiterait pas à s’en débarrasser. Pour le moment, elle donne un visage plaisant, attrayant à sa campagne. »
Un rôle de faire-valoir dont elle ne semble pas vraiment se plaindre. Interviewée par Politico, elle affirme : « Quand Donald vous dit ‘Je pense que tu es super, j’aimerais vraiment que tu travailles pour moi’, je crois qu’aucune personne saine d’esprit ne peut dire non à cette proposition. » On n’en n’est pas si sûr.
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