L’album du collectif congolais Konono n°1, premier volume de la série Congotronics consacrée aux musiques tradi-modernes du Congo, s’incruste sur lesinrocks.com. Une musique singulière à découvrir en vidéo et en écoute.
A première vue, on croit avoir affaire à l’une de ces ignobles compilations mariant musique du monde et électronique bon marché. Ou pourquoi pas à un nouveau projet des abjects Deep Forest. Pourtant, Konono n°1, premier album du groupe du même nom, et première référence de la collection Congotronics consacrée aux musiques tradi-modernes du Congo, est bien loin de cela.
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En effet, nulle place sur cet album pour le néo-colonialisme, aucune intrusion intempestive de metteurs en son occidentaux, juste l’amour sans bornes d’un homme, Vincent Kenis, pour la musique de ce groupe Congolais dont l’histoire musicale remonte déjà à plus de deux décennies et qui, à sa façon, bouleverse radicalement l’image que l’on a de la musique congolaise et plus largement des musiques africaines.
Afin de s’adapter au vacarme urbain d’une ville comme Kinshasa, Mawangu Mingiedi et les musiciens de Konono n°1 ont au fur et à mesure des années tenté d’amplifier leur musique, originellement calquée sur les traditionnelles transes acoustiques bazombo. En insufflant les aléas de l’électricité ? et donc de la distorsion ? à leurs légendaires likembes, instruments composés de fine lamelles métalliques fixées à une caisse de résonance, et à quelques percussions de fortune (couvercle de casserole, pièce de voiture ), la musique de Konono n°1 a observé une mutation des plus étranges qui, vu d’Europe, ressemble à un mélange singulier entre électronique expérimentale, musiques traditionnelles et un forme primitive du rock bruitiste.
Invitation à la transe, la musique de Konono n°1 est aussi un bel exemple de débrouille musicale, un système D. qui force le respect. Vincent Kenis ne s’y est pas trompé lorsqu’il a entendu cette musique pour la première fois sur France Musique au début des années 80. Il lui a fallu vingt ans pour retrouver la trace de chacun des membres du collectif et tenter de leur faire enregistrer quelques titres pour son projet Congontronics.
Avant de les faire enregistrer, Vincent a organisé à Paris un concert du collectif en 2003. A cause d’un ingénieur du son tatillon qui ne supportait pas l’idée de distorsion, la magie Konono N°1 ne fonctionna pas ce soir là. Heureusement, quelques jours après, invité par les hollandais anarcho-punk de The Ex, le collectif donnera au Paradiso d’Amsterdam un concert fulgurant, qui suffira à répandre le nom de Konono n°1 dans tout le reste de l’Europe.
L’enregistrement des titres de l’album se fera finalement directement à Kinshasa, Vincent tentant de s’adapter aux exigences des musiciens, sans intervenir de manière trop ostentatoire dans les morceaux. Le résultat, réunit sur ce premier volet de la série Congontronics, est à découvrir cette semaine sur lesinrocks.com avec une court-film, réalisé par Vincent Kenis, montrant une prestation de Konono N°1 dans les rues de Kinshasa et un titre de l’album en écoute, l’envoûtant Paradiso, enregistré live lors du fameux concert à Amsterdam (à découvrir en passant le curseur de la souris sur le bouton AUDIO/VIDEO en haut de page)
En juin, le groupe effectuera sa première véritable tournée européenne, accompagné sur de nombreuses dates par des fans de la première heure, le groupe de post-rock américain Tortoise. Une tournée qui passera notamment par les Eurockéennes de Belfort début juillet. Le deuxième volume de la série Congotronics paraîtra en juin et sera une compilation (accompagnée d’un DVD) reprenant des titres de cinq groupes enregistrés live à Kinshasa, agrémenté de remix effectués par des célébrités de la scène électronique / avant-rock.
Avec l’aimable autorisation de Crammed
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