Dans toute l’Europe, des mesures discriminatoires et humiliantes sont prises à l’encontre des migrants. Une répression inquiétante quand on sait que la vague ne fait que commencer.
On a parfois du mal à croire ce qu’on lit : cette semaine, la presse britannique rapporte que, dans la région de Cardiff, au pays de Galles, les demandeurs d’asile sont obligés de porter des bracelets rouges distinctifs. Une semaine plus tôt, le Times de Londres publiait une longue enquête très précise dans laquelle il accusait les logeurs sociaux de la région de Middlesbrough, dans le nord de l’Angleterre, de peindre en rouge les portes des demandeurs d’asile.
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Au Danemark, des boîtes de nuit interdites aux étrangers
La conséquence de cette réinvention : outre l’humiliation, les réfugiés ainsi désignés à la population ont eu à subir des attaques racistes, des insultes, voire des agressions physiques. Il est important de souligner qu’il ne s’agit, ni à Cardiff, ni à Middlesbrough, de politiques publiques. Ce sont deux entreprises privées, concessionnaires de services publics, qui ont pris ces initiatives “pour des raisons d’efficacité administrative”.
Il est aussi important de souligner que le Royaume-Uni n’est pas le seul pays à connaître ce type d’initiative nauséabonde. Au Danemark, des boîtes de nuit de Copenhague refusent l’entrée aux étrangers qui ne parleraient ni danois, ni anglais, ni allemand, au choix.
En Finlande, des milices citoyennes non armées se sont d’abord “spontanément” mises à patrouiller dans les banlieues difficiles de la capitale Helsinki, avant de gagner tout le pays. Leur but avoué est de “surveiller les migrants récemment arrivés”.
Deux millions de réfugiés fin 2016
Je pourrais multiplier les exemples de ce type. Ou à l’inverse raconter comment, toujours en Finlande, d’autres citoyens ont eux aussi formés des milices, mais de clowns cette fois. Histoire de suivre à la culotte et ridiculiser les premières. Mais au-delà de ces anecdotes sordides ou héroïques, il y a un fait qui devrait tous nous inquiéter : la vague de réfugiés, demandeurs d’asile ou migrants, ne fait que commencer. Sigmar Gabriel, vice-chancelier d’Allemagne, parle de deux millions de réfugiés fin 2016.
Le FMI, pour sa part, évoque quatre millions de réfugiés en Europe d’ici 2018. Des calculs qui n’ont rien de farfelu lorsqu’on sait que la Turquie, la Jordanie et le Liban accueillent plus de quatre millions de Syriens. Et c’est sans compter les Afghans et les Irakiens. L’Allemagne ne pourra à elle seule accueillir l’ensemble de ces hommes, femmes et enfants qui rêvent simplement d’échapper à la guerre. Comment faire pour s’épargner Cardiff, Middlesbrough, Helsinki ou Copenhague ?
Ne pas laisser l’Allemagne seule
D’abord, expliquer que ce n’est pas la première fois que l’Europe doit faire face à un tel afflux de réfugiés. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les flux intra-européens d’Allemands, de Polonais, de Russes ou d’Ukrainiens ont été bien plus considérables. Ensuite, ne pas dire avec emphase qu’on va stopper un flux aussi massif aux frontières de l’Union grâce à je ne sais quels hotspots. La vérité, c’est qu’on n’arrête pas avec des tampons et des gardes-frontières des millions de gens qui cherchent une vie meilleure.
Ce qu’il faut faire est simple : il faut surtout ne pas laisser l’Allemagne seule et partager avec elle ce que j’hésite à appeler un fardeau, puisque je pense au fond que c’est une chance inespérée pour nos économies et nos sociétés vieillissantes. Quand je dis “partager avec l’Allemagne”, j’exclus l’Europe de l’Est, incapable d’un tel effort. Je pense aux pays assez riches et assez préparés pour assumer cette tâche : la France, le Royaume-Uni, le Benelux et, dans une moindre mesure, l’Italie et l’Espagne.
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