Kasabian, le dernier petit frisson venu d’outre Manche, se posait au Trabendo le 27 janvier dernier. L’occasion de voir en représentation ces quatre lads de Leicester qui agrémentent à leur sauce le grand cirque des années Madchester. Compte-rendu.
De façon cyclique, Albion nous envoie à la figure un groupe de prolos arrogants, dont elle a le secret, et qui, grosso modo, n’en a vraiment rien à foutre. Sauf des filles et du rock s’entend. Celui-là même s’autoproclame évidemment « meilleure chose qui soit arrivé à la musique depuis longtemps ». La presse anglaise adore. Surtout si le truc en question contredit tout ce qu’elle a adoré juste avant.
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Le dernier petit frisson venu d’Angleterre s’appelle donc Kasabian, et respecte à la virgule près le programme énoncé ci-dessus. Débarquée de nulle part, c’est-à-dire de Leicester, la formation venait se frotter jeudi 27 janvier à sa renommée naissante en France, sur la scène du Trabendo, après un passage remarqué aux Transmusicales de Rennes.
Ce soir, là, il flotte sur Paris un froid qu’affectionnent les huskies. On doit se traîner un peu pour rejoindre La Villette. Mais bon, pas question pour autant de rater ce concert. La chose s’annonce prometteuse, vu le premier album bien balancé de Kasabian, et vue toute la hype qui entoure le groupe. Ce dernier est même déjà accompagné d’une petite cohorte de fans anglais.
On avait beau être prévenu, c’est un petit choc quand même : une fois dans la salle du Trabendo, bien garnie, on se retrouve projeté dans l’atmosphère de la légendaire Madchester. Cette époque, en France, beaucoup d’entre nous l’avons vécue par disques et magazines interposés. En ce mois de janvier 2005, la voilà tout à coup devant nous, pour de vrai. Tout y est : gros son festif, guitares revêches nappées d’électronique, coupes de cheveux improbables, et petit fourmillement groovy qui vous donne envie de remuer. Quand le groupe entonne LSF (Lost soul’s forever), on se sent carrément pousser le baggy sur les chaussures.
Certaines chansons des lads de Kasabian sont parfaitement taillées pour la scène, notamment les singles. Des titres plus hypnotiques, comme Butcher Blues, réussissent aussi leur effet. D’autres morceaux manquent un peu de relief, et ont plus de mal à emballer vraiment. Mais le groupe se donne bien, même si le guitariste compositeur Sergio Pizzorno – de loin, un croisement entre les frères Gallagher et Patrick Eudeline – tire volontairement la gueule, attitude oblige. Tom Meighan, qui partage le chant avec lui, s’amuse à l’inverse comme un petit fou, d’autant que plein de filles montent sur scène pour l’embrasser. Chaque morceau est ponctué d’un « Thank you Paris » appuyé, qui laisse augurer d’autres visites.
Dans la salle, bizarrement, ce n’est pas la folie, même si s’opèrent quelques tentatives de plongeons depuis la scène. Pour le moment, le gros des troupes semble venu en curieux. Le prochain concert, sera, gageons-le, bien plus fiévreux. Surtout si Kasabian décide à l’avenir d’étendre un peu plus les débats. Car le concert du Trabendo est du genre sec. Alors que le délirant Club Foot commence à mettre le feu – ça tombe bien, c’est l’hiver – c’en est déjà fini. Le groupe quitte la scène, et, comble de l’arrogance anglaise, ne reviendra même pas pour un petit rappel. Dans le public, petit moment d’hésitation. Quand on vous disait qu’ils n’en ont rien à foutre ces gars-là.
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