On a déjà l’impression que ce revival en six volets sera bien trop court…
Accueilli fraîchement par la critique américaine, le début de la nouvelle mini-saison X-Files est en tout cas un un véritable carton d’audience pour la Fox qui a réuni plus de 16 millions de téléspectateurs pour le premier épisode (boosté par le match de football qui précédait), et plus de 9 millions pour le second le lendemain soir. Un succès qui en dit long sur l’attente que suscite cette suite de la série culte de Chris Carter, arrêtée en 2002 après 202 épisodes, neuf saisons et prolongée déjà de deux films (très oubliables) en 1998 et 2008. Attention (petits) spoilers.
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https://youtu.be/_1SmJUBT5q0
“Sommes-nous vraiment seuls?” se demande l’ex-agent du FBI Fox Mulder en voix-off de l’ouverture du revival de X-Files. Tandis que des images des neuf premières saisons défilent, la voix rocailleuse et familière de Duchovny revient sur le passé: les évènements paranormaux restés inexpliqués, le département des dossiers X qui depuis a fermé, la disparition de sa soeur Samantha, qui a joué le rôle de moteur dans sa quête, et sa rencontre avec le docteur Scully (Gillian Anderson), venue surveiller et discréditer son travail mais qui deviendra vite une alliée, une âme soeur. Il y mentionne surtout son obsession pour la découverte de la vérité, toujours aussi vivace, assez pour que tout soit relancé. Un petit récap de l’ambiance générale de la série culte qui ne pourra pas vraiment aider ceux qui ne l’ont jamais regardé, et qui auraient l’audace de prendre cette mini-saison comme un objet isolé.
https://youtu.be/OEh-0sxfB10
Car si l’on comprend dans le premier épisode My Struggle (en français « Ma lutte »), écrit et réalisé par le créateur de la série Chris Carter, que le duo d’agents du FBI Mulder et Scully ne travaillent plus ensemble depuis longtemps, tout se passe comme si l’on reprenait les choses là où on les avait laissés.
Un monde sans vérité
Employée de l’hôpital catholique Our Lady of Sorrow, Scully travaille sur la reconstruction chirurgicale d’enfants atteints de graves anomalies génétiques quand elle reçoit un appel de son ancien supérieur du FBI, Skinner (Mitch Pileggi), à la recherche de Mulder. D’un claquement de doigts, le duo se reconstitue pour enquêter sur les affirmations de Tad O’Malley (Joel McHale de Community), présentateur survolté qui cherche à dénoncer des conspirations gouvernementales démesurées. En rencontrant une mystérieuse jeune femme qui clame avoir été enlevée plusieurs fois par les extraterrestres, Mulder replonge tête baissée dans sa quête de la vérité, plus paranoïaque et accablé que jamais.
Dès que le générique de Mark Snow conservé en l’état entonne sa première note, la machine à nostalgie est relancée. Les premiers plans dans lesquels on redécouvre les personnages appuie cette impression. Scully de dos dans sa fameuse blouse chirurgicale qui tarde à se retourner, Mulder qui apparaît dans le reflet de son ordinateur (dont il a soigneusement scotché la webcam), Skinner qui fait sa première apparition dans les bureaux abandonnés de l’ancien département des x-files, ou l’homme à la cigarette (William B. Davis) qui réussit toujours à faire flipper, même s’il est bien décati. Ces touches d’occurrence au passé commun des fans avec la série sont ce qui font la saveur de ce premier épisode bancal. En choisissant d’ouvrir par une intrigue centrée sur la mythologie de X-Files et les théories complotistes qui font écho à sa génèse, le revival s’adresse certes directement à des connaisseurs (même modérés) de son univers, mais prend surtout le risque de bâcler l’installation de ses personnages, de leur nouveau background et de ne faire que distiller des détails superficiels d’une conspiration à grande échelle dont on peine à dénouer les fils.
Un duo old school
“Ils nous contiennent, nous espionnent, en nous disant que ça nous met plus en sécurité… mais nous n’avons jamais été autant en danger” affirme Mulder à son ancien supérieur. L’industrie agro-alimentaire qui encourage l’obésité, le Patriot Act, la diabolisation d’Assange et Snowden, le consumérisme qui nous aliène… : dans le monde des années 2010, la paranoïa de Mulder est sans limite et on peine à comprendre son véritable objet. Scully aussi, qui dans la meilleure scène de l’épisode le confronte à son obsession “Tu veux tellement, désespérément y croire. » Solennellement il lui répond, « J’y crois. La vérité est là, quelque part« . (la conversation en version originale faisant bien sûr référence au poster culte de Mulder et au mantra de la série). Dans ce qui est pour Scully un nouvel épisode psychotique de son partenaire de toujours, Mulder lui est convaincu de détenir la vérité. Mais laquelle? Il semble toujours, comme au bon vieux temps, qu’il n’y en est aucune dans X-Files ou en tout cas, pas qu’une seule.
Plus modeste mais aussi plus enthousiasmant, le deuxième épisode Founder’s mutation met de côté la mythologie trop encombrante de la série laissant ses acteurs respirer et retrouver de leur alchimie précieuse. On y suit le duo du FBI enquêter sur la mort mystérieuse d’un scientifique dans un centre de recherche mis sous haute sécurité par le département de la Défense. Bien sûr les évènements paranormaux s’enchaînent et on retrouve le mélange caractéristique à tout traitement de dossier classé x: la fouille d’un appartement éclairée à la lampe torche, l’ambiance angoissante d’une clinique pour enfants très anormaux, ou la désinvolture classique d’un Mulder plus vieux mais pas plus sage, qui se vante d’être old school.
C’est avec cette intrigue plus simple qui trouve son début, son milieu et sa fin dans l’épisode que l’on replonge vraiment dans X-Files et dans son esprit forcément old school et justement charmant. A travers des séquences de souvenirs imaginaires de Mulder et Scully avec leur fils, qu’ils ont du abandonner des années plus tôt pour le protéger d’une conspiration plus grande qu’eux, on découvre aussi ce qui devrait être un fil conducteur de la mini-saison de six épisodes. Six épisodes qui risquent de faire bien court pour s’abreuver du retour de Mulder et Scully et comprendre la portée des multiples pistes de développement que ce premier tiers laisse en suspens.
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