Lutter contre la malbouffe et reprendre le contrôle de son assiette grâce à la cuisine, c’est le message de la fondation Jamie Oliver, qui a lancé vendredi 17 mai une grande journée d’action à travers le monde : le Food revolution day. Pour marquer le coup, la start-up « La ruche qui dit oui » avait mijoté un couscous bio pour la pause-dèj.
Le quinoa « d’Anjou » a remplacé la semoule. Pas de viande non plus dans ce couscous 100% bio, mais plein de légumes frais. Le tout relevé avec une pointe de piment, du citron confit et du gingembre. Que ce soit clair : ici, on est pas chez McDo. « On ne me verra jamais dans un fast-food ! », assure Aurélie de Magellan, qui tient avec sa famille une pâtisserie/chocolaterie bio à Montreuil. À l’occasion du Food revolution day, Aurélie et une poignée d’autres ont été invités à déjeuner par les employés de La ruche qui dit oui. « Manger mieux, manger juste », c’est le slogan de cette start-up qui facilite les rapprochements entre producteurs (agriculteurs, éleveurs, artisans…) et consommateurs : ce que l’on appelle les circuits courts, qui ne passent pas par la case hypermarché.
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Lancée en 2011, l’entreprise a obtenu le label « sociale et solidaire » et fonctionne comme une franchise. « Nous donnons des outils aux gens pour qu’ils s’organisent entre eux », explique Guilhem Chéron, son créateur. Le consommateur commande sur internet les produits régionaux de son choix et va les chercher dans l’un des points de distribution du réseau, gérés eux-aussi par des particuliers et répartis sur tout le territoire.
Cuisiner, un acte politique
Guilhem Chéron en est convaincu : « La manière dont tu bouffes impacte la société. Cuisiner, c’est un acte politique, une prise en main, un acte de liberté. » Des propos en totale adéquation avec le message de la fondation Jamie Oliver qui organise le Food revolution day. Si Jamie Oliver est peu connu en France, c’est une star dans le monde anglo-saxon. Surnommé « the naked chef » (le chef nu) parce qu’il ne porte jamais de toque, ce cuisinier anglais anime des émissions de cuisine très populaires en Angleterre et aux Etats-Unis. Une sorte de Cyril Lignac british, et plus engagé.
Sa fondation milite contre l’obésité et les problèmes de santé engendrés par la junk food. Elle propose de se réapproprier son alimentation par l’apprentissage de la cuisine. Cuisiner pour lutter. Un message qui a séduit Edouard Morhange, devenu ambassadeur français de la fondation.
« Quand mes enfants sont nés, je me suis rendu compte que j’allais à l’hypermarché par réflexe, que je ne savais pas cuisiner les produits frais. Une conférence de Jamie Oliver m’a marqué. Il rappelait qu’aujourd’hui ce que l’on mange peut nous tuer. Les produits transformés, trop gras, trop salés et trop sucrés génèrent une épidémie d’obésité, de maladies cardiovasculaires… Quand on ne sait pas ce qu’on mange, il ne faut pas s’étonner de tomber malade ».
Tout-fait versus fait-maison
Pour cette deuxième édition du Food revolution day, le site officiel a recensé plus de mille évènements organisés à travers le monde pour célébrer la bonne bouffe. L’occasion pour les entreprises, les cantines ou les particuliers de mettre en avant les produits frais, de saison, de prendre le temps de partager un repas sain, d’échanger des recettes de cuisine…
Un évènement festif et convivial, mais aussi un message à destination de l’industrie agroalimentaire et des gouvernements. « Les pouvoirs publics ne se sont pas aperçus que le sujet s’échappait de leur main », estime Edouard Morhange. « Il faut règlementer l’industrie, éduquer les citoyens, les enfants. » Pour Benjamin Stock, qui travaille à La ruche, c’est une question d’indépendance, la bataille du fait-maison contre le tout-fait :
« Acheter ses propres produits et les cuisiner permet de s’autonomiser. Il faut se libérer des faux besoins crées par une industrie qui rend les gens dépendants et ruine les savoir-faire. Et contrairement aux idées reçues, c’est simple et pas cher. »
Aurélie de Magellan s’enthousiasme : « C’est une révolution qui est en marche et qui s’accélère avec la crise. Les gens veulent savoir où va leur argent, qui fait les produits qu’ils achètent. C’est comme pour les vêtements au Bangladesh ». Elle et sa sœur ont ramené le dessert : un gros gâteau en forme d’abeille, en clin d’œil à La ruche. « Et aussi pour fêter les deux ans de l’interdiction des pesticides », ajoute Aurélie.
Farine de maïs, confit de coquelicot, tout est bio, bien sûr. Fannie, venue partager le repas pendant sa pause-déjeuner, se régale. Elle travaille au siège de La Poste. « Ça va être un peu dur de retourner à la cantine après ça », confie-t-elle. « Mais ça donne des idées. » Une réflexion qui réjouirait Edouard Morhange, l’ambassadeur français du Food revolution day, persuadé que « ce mouvement s’inscrit dans la durée. »
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