Pour Cure, un disque hommage qui n’est pas un grand fromage
Encore un Tribute to Cure ? On se souvient avec effroi des dernières livraisons du genre, dont une compilation de rock français ou, pire, d’un Celtic Rock Tribute qui fit la joie des soldeurs et le désespoir des mélomanes. Le rock & khôl de Robert Smith a certes fait couler beaucoup de larmes mais il a aussi généré un nombre invraisemblable de reprises version Fête à Neu-Neu. C’est donc avec suspicion qu’on écoute ce double album Perfect As Cats dont les bénéfices seront reversés à Invisible Children (une ONG alertant sur le sort des enfants-soldats en Ouganda). Contrairement aux précédentes tentatives, l’art de la reprise est ici envisagé comme un terrain de jeu expérimental. Oh bien sûr, on retrouve toujours les inévitables copiés-collés et l’épaisse silhouette de Bobby ici (Primary repris par des Dandy Warhols en petite forme) ou là (In Between Days par Blackblack) mais dans l’ensemble, ce tribute regorge de trouvailles bien éloignées d’un problématique revival new-wave. Bat For Lashes nous amène ainsi faire l’amour dans les sous-bois (A Forest) tandis que Katrin Ottosen, aux faux airs de Stina Nordenstam, revisite Love Cats en ronronnant d’aise. Les choses deviennent réellement passionnantes dès lors que la copie déconstruit l’original : quand Lewis & Clarke prennent Desintegration à la lettre et en livrent une bouleversante version à l’os, ou quand les Français Aquaserge et Laure Briard se mettent à traduire 10 :15 Saturday Night. Kaki King, Mariee Sioux, Jesu ou Xu Xu Fang complètent un casting aux petits oignons.
Benoît Hické